Vue lecture

La Voie des pèlerins, d'Abdulrazak Gurnah, ou la marque de l'étranger

Il y a des romans dont la puissance discrète s’infiltre en nous sans crier gare. La Voie des pèlerins, (traduction : Cécile Leclère) est de ceux-là. Abdulrazak Gurnah, prix Nobel 2021 ausculte l'exil dans ses dimensions les plus intimes et les plus politiques. On y entre comme dans une maison qu'on reconnaît sans l'avoir jamais visitée – et on n'en ressort pas indemne.

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Exercice de gaieté généralisée, par François Morel

Prévu début octobre, La gaieté qui m’en impose rassemble les chroniques radiophoniques de François Morel diffusées sur France Inter entre 2023 et 2025. Deux années d’humeur, de tendresse, de colère joyeuse et de poésie grinçante. Deux années où chaque vendredi matin, le verbe fendait l’actualité, la vie, les souvenirs, en diagonale.

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Quand la science flirte avec Jurassic Park : enquête sur la désextinction

Imaginez un éléphant d’Asie affublé d’une longue toison et de défenses recourbées, prêt à fouler la toundra comme au temps de la préhistoire. Impressionnant, non ? Pourtant, derrière cette image de carte postale paléontologique se cache… un éléphant vaguement déguisé en mammouth. C’est l’un des constats, à la fois sérieux et malicieux, que proposent Lionel Cavin et Nadir Alvarez dans leur ouvrage Faire revivre les espèces disparues ?

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Les Indicibles : Nancy Huston dans l’arène des vérités dérangeantes

Nancy Huston n’y va pas par quatre chemins. Dans Les Indicibles, elle annonce dès le prologue vouloir aborder « l’érection intempestive, la beauté du travail ménager, la noblesse du travail sexuel » et autres sujets trop souvent tus. Non pas pour choquer, mais pour dire ce qui échappe aux slogans, aux injonctions progressistes ou moralisantes. 

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Les Incommensurables : Raphaela Edelbauer dissèque la veille d’un monde en ruine

Vienne, 31 juillet 1914. La guerre est à moins de 36 heures. Et pourtant, tout palpite encore de désir, de science, d’art et d’illusions. Raphaela Edelbauer, avec une minutie presque hallucinée, saisit ce moment suspendu entre deux siècles – entre lucidité et folie, traduites de l'autrichien par Carole Fily.

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L’eau-dyssée d’Elif Shafak

La rentrée littéraire 2025 s’annonce de nouveau très riche, mais un titre en particulier avait déjà retenu mon attention il y a quelques mois, dès l’annonce de sa sortie : Les fleuves du ciel d’Elif Shafak. La (très bonne) traduction française de Dominique Goy-Blanquet, publiée par Flammarion, paraît ce 20 août, et je peux déjà dire que le voyage en vaut la peine.

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La vie ressemble à ça : Titiou Lecoq, philosophe du léger coup de gueule

Titiou Lecoq chronique l’existence comme d’autres font leur vaisselle : sans enthousiasme démesuré, mais avec application et une certaine tendresse pour les éclaboussures. Publié chez l’Iconoclaste, La vie ressemble à ça rassemble ses réflexions les plus libres, les plus drôles, les plus précieuses. Une suite de textes brefs qui épousent les contours de la vie comme elle va. C’est-à-dire à la fois mal et merveilleusement bien.

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La mauvaise joueuse : les jeux de la fuite, de la honte et du mensonge

Le roman suit Maud, une trentenaire installée à Saint-Nazaire, comptable, en couple avec Yann et apparemment bien intégrée dans une vie stable et rangée. Un soir d’automne, tout bascule : après avoir accidentellement percuté quelque chose en voiture alors qu’elle jouait à Candy Crush en conduisant, elle prend la fuite, incapable d’affronter les conséquences.

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Les Corps à l'abandon selon Camille Claudel : une vie et une autre

Olivia Bianchi ne signe pas un roman historique ordinaire. Il s’agit d’une immersion toute en nuances, documentée, dans les ultimes années d’une sculptrice broyée par l’Histoire. Le récit épouse la forme d’une enquête fictive commandée par Eugène Blot, fondeur de Claudel, à un photographe chroniqueur chargé de retrouver et d’interviewer l’artiste enfermée à Montdevergues depuis seize ans.

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Kairos – Un amour toxique dans les ruines de l’Histoire

Il est des livres qui vous laissent essoufflé – pas par leur fracas, mais par la lente morsure qu’ils infligent. Kairos, le nouveau roman fulgurant de Jenny Erpenbeck, traduit par Rose Labourie, est de ceux-là. Roman d’amour, certes. Mais surtout autopsie d’un empoisonnement lent, intime, dans un décor historique qui vacille.

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Combustions : satire mordante de la haute société parisienne avant la fin du monde

Trois portraits, très parisiens, croqués juste avant la fin du monde, à l’heure où remontent les souvenirs, viennent les regrets et tombent les masques. François Gagey fut diplômé de Sciences-Po puis consultant chez Deloitte avant de devenir avocat. Combustions est son premier roman, truffé de références à la vie parisienne des beaux quartiers (où l’on apprend beaucoup de choses).

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Trois enterrements – Le roman de la noyade morale

Conjuguez la brutalité de la politique migratoire britannique et les failles humaines de ses exécutants. On obtient alors cette fresque aussi polyphonique que tragique, que dépeint Anders Lustgarten, dans Trois enterrements. Un récit aussi tendu que précis, sans illusion sur le monde qu’il dépeint. Sur une traduction de Claro.

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