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Vue lecture

Orientations générales de la Politique documentaire : proposition de trame

Pile de galets sur une Ă©tendue de galets.
Photo de Markus Spiske sur Unsplash

La formalisation de nos acquisitions s’est installĂ© dans prĂ©occupations professionnelles depuis de nombreuses annĂ©es, en se cristallisant autour des inquiĂ©tudes d’une intervention de nos dĂ©cideurs (Ă©lus, hiĂ©rarchie) soit en imposant des documents soit en interdisant des documents. Il est alors apparu important d’expliquer le pourquoi du comment de nos choix et de nos modalitĂ©s d’acquisition. Bertrand Calenge et JĂ©rĂŽme Pouchol ont apportĂ© tout Ă  la fois des Ă©lĂ©ments de rĂ©flexion et de mise en oeuvre des politiques documentaires des bibliothĂšques.

Comme le dit trĂšs bien Dominique Lahary (diaporama) : “c’est une politique publique, il est dĂ©mocratique qu’elle soit publique”. Cependant l’intĂ©gration et la rĂ©elle formalisation dans les bibliothĂšques prennent du temps mĂȘme si cette culture est maintenant bien ancrĂ©e et fait partie des diffĂ©rents cursus de formation. L’article 7 de la Loi Sylvie Robert est venu enfoncer le clou

AprĂšs avoir rappeler l’importance de formaliser les orientations gĂ©nĂ©rales, vous trouverez une proposition de trame pour un tel document. Elle complĂšte la fiche de la commission BibliothĂšques en rĂ©seau et s’inspire d’un document de la MĂ©diathĂšque de Chateaubourg.

Perspective avec plusieurs rayonnages de livres dans une ambiance sombre
Photo de Martin Adams sur Unsplash

Pourquoi formaliser les orientations générales de la Politique documentaire ?

  • Tout d’abord c’est devenu une obligation lĂ©gale avec l’entrĂ©e en vigueur de la Loi Sylvie Robert, LOI n° 2021-1717 du 21 dĂ©cembre 2021 relative aux bibliothĂšques et au dĂ©veloppement de la lecture publique: « Les bibliothĂšques des collectivitĂ©s territoriales ou de leurs groupements Ă©laborent les orientations gĂ©nĂ©rales de leur politique documentaire, qu’elles prĂ©sentent devant l’organe dĂ©libĂ©rant de la collectivitĂ© territoriale ou du groupement et qu’elles actualisent rĂ©guliĂšrement.  Elles prĂ©sentent Ă©galement leurs partenariats avec les organismes culturels, Ă©ducatifs et sociaux, les Ă©tablissements pĂ©nitentiaires et les Ă©tablissements d’accueil de la petite enfance. La prĂ©sentation peut ĂȘtre suivie d’un vote de l’organe dĂ©libĂ©rant. »
  • « C’est une politique publique dont il est normal qu’elle soit portĂ©e Ă  la connaissance du public dans ses grands principes Â» (Dominique Lahary)
  • « C’est une dĂ©marche partagĂ©e entre professionnels avec les dĂ©cideurs et le public qui rend visible les orientations de la bibliothĂšque dans ce domaine Â» (JĂ©rĂŽme Pouchol)
  • Cette formalisation met en avant notre mĂ©tier et notre professionnalisme
  • Cette formalisation et sa publication permettre de rendre public les grandes lignes du fonctionnement d’une des activitĂ©s importantes des bibliothĂšques.
  • Formaliser, faire adopter ces orientations gĂ©nĂ©rales par les Ă©lus et les faire connaĂźtre constitueront un garde fou contre les questions, les interventions internes et toutes les tentatives de censure

Les rubriques d’un tel document

Voici la trame globale d’un document consacrĂ© aux orientations gĂ©nĂ©rales de la politiques documentaires. A vous de l’adapter, le simplifier ou le dĂ©velopper en fonction de VOTRE contexte.

Vous trouverez plus bas la présentation détaillée de cette trame. Vous pouvez télécharger ci-dessous une version word à adapter.

Main cochant un liste de taches sur un cahier Ă  carreaux
Photo de Glenn Carstens-Peters sur Unsplash

PrĂ©ambule – Introduction

  • Pourquoi
  • lien avec la loi S. Robert (cf. ci-dessus)

Contexte

  • ElĂ©ments sur le contexte territorial
  • exemple Ă  complĂ©ter

Les missions de la bibliothĂšque

  • Faire rĂ©fĂ©rence aux articles de la loi Robert (article 1 et les articles sur les collections)

“Les bibliothĂšques des collectivitĂ©s territoriales ou de leurs groupements ont pour missions de garantir l’égal accĂšs de tous Ă  la culture, Ă  l’information, Ă  l’éducation, Ă  la recherche, aux savoirs et aux loisirs ainsi que de favoriser le dĂ©veloppement de la lecture.

À ce titre, elles :

« 1° Constituent, conservent et communiquent des collections de documents et d’objets, dĂ©finies Ă  l’article 4, sous forme physique ou numĂ©rique ; Â»

« 2° Conçoivent et mettent en Ɠuvre des services, des activitĂ©s et des outils associĂ©s Ă  leurs missions ou Ă  leurs collections. Elles en facilitent l’accĂšs aux personnes en situation de handicap. Elles contribuent Ă  la rĂ©duction de l’illettrisme et de l’illectronisme. Par leur action de mĂ©diation, elles garantissent la participation et la diversification des publics et l’exercice de leurs droits culturels ; Â» (Article 1 de la Loi Sylvie Robert)

“Les collections des bibliothĂšques des collectivitĂ©s territoriales ou de leurs groupements sont constituĂ©es de livres et des autres documents et objets nĂ©cessaires Ă  l’accomplissement de leurs missions, tels que des documents sonores et audiovisuels.”(Article 4 de la Loi Sylvie Robert)

“Les collections des bibliothĂšques des collectivitĂ©s territoriales ou de leurs groupements sont pluralistes et diversifiĂ©es. Elles reprĂ©sentent, chacune Ă  son niveau ou dans sa spĂ©cialitĂ©, la multiplicitĂ© des connaissances, des courants d’idĂ©es et d’opinions et des productions Ă©ditoriales. Elles doivent ĂȘtre exemptes de toutes formes de censure idĂ©ologique, politique ou religieuse ou de pressions commerciales. Elles sont rendues accessibles Ă  tout public, sur place ou Ă  distance.”(Article 5 de la Loi Sylvie Robert)

  • Reprendre, le cas Ă©chĂ©ant, certains axes du CTL, PCSES ou du Projet de service

Les publics visés

  • Lister les diffĂ©rents types de publics
Groupe de jeunes assis Ă  une table dans une bibliothĂšque. Ils rient devant un Ă©cran d'ordinateur portable
Photo de Priscilla Du Preez 🇹🇩 sur Unsplash

La gestion des collections

quelle organisation des collections ?

  • VolumĂ©trie, rĂ©partition par grands secteurs. Type de supports
  • Existence de fonds spĂ©cifiques: FAL (Facile A Lire), fonds pour les dyslexiques, fonds patrimonial,


Pluralisme et rappel de l’article de la Loi Robert

« Ces missions s’exercent dans le respect des principes de pluralisme des courants d’idĂ©es et d’opinions, d’égalitĂ© d’accĂšs au service public et de mutabilitĂ© et de neutralitĂ© du service public.” (Article 1 de la Loi Sylvie Robert)

ModalitĂ©s d’acquisition

  • Expliciter comment sont achetĂ©s les documents
  • DĂ©finition des responsabilitĂ©s en terme d’acquisitions
  • Budget et taux de renouvellement. Indiquer un idĂ©al de renouvellement (10%)

“Les collections des bibliothĂšques des collectivitĂ©s territoriales ou de leurs groupements qui relĂšvent du domaine privĂ© mobilier de la personne publique propriĂ©taire sont rĂ©guliĂšrement renouvelĂ©es et actualisĂ©es. “(article 6 de la Loi Sylvie Robert)

Pour ses achats de documents la bibliothÚque se conforme à la réglementation sur les marchés publics, et commande auprÚs des fournisseurs retenus dans ce cadre.

  • CritĂšres gĂ©nĂ©raux de choix et d’exclusion

« Sous la responsabilitĂ© de leur direction, les bibliothĂ©caires acquĂ©reurs opĂšrent une sĂ©lection dans la production Ă©ditoriale pour constituer une collection cohĂ©rente en fonction des objectifs et des moyens fixĂ©s par la collectivitĂ©. Pour des raisons financiĂšres et intellectuelles, l’exhaustivitĂ© est exclue. La mission d’acquisition est menĂ©e sur la base d’un travail rĂ©flĂ©chi et collectif, dans un souci de pluralisme, en tenant compte des collections dĂ©jĂ  existantes, de la connaissance des publics, de l’offre et la demande. Elle tient compte Ă©galement du soutien Ă  la petite Ă©dition et aux documents Ă  rotation plus lente, tel que la poĂ©sie, thĂ©Ăątre, arts, sciences humaines
. Â» (Chateaubourg)

  • Traitement des suggestions des usagers

Les propositions d’achat des lecteurs sont toutes Ă©tudiĂ©es. Le cas Ă©chĂ©ant indiquer comment ils peuvent le faire. Les bibliothĂ©caires se rĂ©servent le droit de refuser une suggestion s’ils estiment que l’achat ne correspond pas aux critĂšres dĂ©finis par la charte. Dans un souci de cohĂ©rence et d’actualitĂ© des collections, la bibliothĂšque refuse tous dons de livres ne rĂ©pondant pas aux critĂšres de sĂ©lection Ă©noncĂ©s. Les usagers dont les ouvrages ne sont pas retenus seront rĂ©orientĂ©s vers des solutions alternatives (boites Ă  livres, associations,
)

  • ComplĂ©mentaritĂ© avec l’environnement documentaire territorial

La politique documentaire est aussi pensĂ©e en fonction de l’environnement. La bibliothĂšque fait partie du rĂ©seau de la communautĂ© des communes de PĂ©taouchnoc-les-Bains. Elle s’insĂšre Ă©galement dans le champ d’action de la MĂ©diathĂšque dĂ©partementale qui peut concourir, entre autres services, Ă  complĂ©ter les collections notamment pour des demandes de lecteurs, de groupes, de thĂ©matiques, d’animations, pour les fonds musique et jeux vidĂ©o. La MĂ©diathĂšque dĂ©partementale fournit Ă©galement aux lecteurs des ressources accessibles en ligne.

  • Contraintes lĂ©gales pour les acquisitions notamment pour les DVD et les ressources numĂ©riques
Etudiante choisissant un livre dans des rayonnages en bois
Photo de Becca Tapert sur Unsplash

RĂšgles gĂ©nĂ©rales d’élimination (et de conservation)

Expliquer pourquoi les documents sont éliminés.

  • La mĂ©diathĂšque n’a pas vocation Ă  conserver les collections courantes. Afin de garder un fonds vivant, attractif et aisĂ©ment accessible. Des documents doivent ĂȘtre retirĂ©s chaque annĂ©e des collections pour ĂȘtre soit rĂ©actualisĂ©s, soit remplacĂ©s, soit Ă©liminĂ©s.
  • Les rĂšgles d’élimination pourront ĂȘtre diffĂ©rentes selon le type de documents et selon votre appartenance Ă  un rĂ©seau.
  • Un 1er niveau d’élimination concerne les documents abĂźmĂ©s et non rĂ©parables, dĂ©fraĂźchis, ou au contenu dĂ©passĂ©. Ces documents seront automatiquement retirĂ©s des collections.
  • Un 2e niveau d’élimination croisera plusieurs critĂšres quantitatifs et qualitatifs : Ăąge des documents, nombre de prĂȘt, date de dernier prĂȘt, prĂ©sence d’autres ouvrages similaires. Des exceptions peuvent bien sĂ»r ĂȘtre admises concernant des ouvrages incontournables et difficiles Ă  remplacer par exemple. Les bibliothĂ©caires s’appuient sur un document interne comportant des critĂšres affinĂ©s par secteurs et sous-secteurs.

Qu’est-ce qu’ils deviennent ?

  • donnĂ©s Ă  d’autres bibliothĂšques, Ă©tablissements ou associations
  • vendus lors de braderies organisĂ©es par la mĂ©diathĂšque
  • mis en dĂ©chetterie ou dĂ©truits s’ils sont jugĂ©s en mauvais Ă©tat
  • si vous ĂȘtes une bibliothĂšque avec un fonds patrimonial, expliquer pourquoi et comment sont conserver les fonds patrimoniaux.

AccÚs, communication et médiation

Vu en plongée d'une salle de bibliothÚque tout en bois, des livres, des cartes et deux personnes assises en train de lire
Photo de Pauline Loroy sur Unsplash

AccĂšs

L’accĂšs aux espaces publics de la mĂ©diathĂšque, ainsi qu’à la consultation sur place de ses ressources, est libre et gratuit. La mĂ©diathĂšque respecte les normes d’accessibilitĂ© pour tous au bĂątiment, aux circulations intĂ©rieures, aux collections et aux services.

AccĂšs Ă  distance

Les usagers peuvent librement accĂ©der au catalogue en ligne Ă  distance ainsi qu’aux ressources numĂ©riques de la mĂ©diathĂšque dĂ©partementale Un portage Ă  domicile peut ĂȘtre effectuĂ© pour des personnes ayant des difficultĂ©s Ă  se dĂ©placer. Le rĂ©seau de XXX mettra en place un systĂšme de navettes permettant la circulation des documents d’une bibliothĂšque Ă  une autre.

ModalitĂ©s d’organisation et de communication des documents

La plupart des documents sont proposĂ©s en accĂšs libre et en prĂȘt direct au public.

MĂ©diation

Les bibliothécaires conseillent, effectuent des recherchent et accompagnent les lecteurs.

Les bibliothécaires mettent en valeur les collections de multiples maniÚres.

Sur place:

  • de face dans les rayonnages
  • sur des prĂ©sentoirs Ă  diffĂ©rents endroits dans la bibliothĂšque
  • par des tables de thĂ©matiques (sĂ©lections, actualitĂ©s, thĂ©matiques)
  • avec des Ă©tiquettes « coup de coeur » de l’équipe ou des lecteurs
  • avec des bibliographies : acquisitions rĂ©centes, thĂ©matiques
Table sur laquelle sont posés des albums pour enfants
Photo de Haberdoedas sur Unsplash

A distance:

  • sur le site internet grĂące Ă  diffĂ©rentes rubriques : nouveautĂ©s, sĂ©lections, coups de coeur
  • sur les rĂ©seaux sociaux en utilisant diffĂ©rentes approches : des sĂ©lections thĂ©matiques, les nouveautĂ©s, les coups de coeur

Le public est invitĂ© Ă  participer Ă  partager ses coups de coeur. La bibliothĂšque met d’une part en valeur les sĂ©lections du club lecture et propose d’autre par des Ă©tiquettes “coups de coeur des lecteurs”.

Les partenariats

La médiathÚque développe des partenariats variés afin de développer le goût de la lecture, faire connaßtre le service, de diversifier le public et répondre aux besoins du territoire.

Ses partenaires font partie de champs aussi variĂ©s que possible des structures locales de la petite enfance aux musĂ©es en passant par les Ă©coles, les associations locales, le Centre Culturel d’Action Social, PĂŽle Emploi, les MJC, les cinĂ©mas ou les thĂ©Ăątres. Ces partenariats peuvent s’établir de maniĂšre pĂ©renne ou ponctuels, et peuvent donner lieu Ă  une convention.

Photo de Chris Liverani sur Unsplash

Actualisation

Cette charte sera actualisĂ© rĂ©guliĂšrement selon l’évolution de l’organisation du service et de ses finalitĂ©s.

Qu’en pensez-vous ? Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Avez-vous un document Ă  partager avec les collĂšgues ?

Promouvoir un imaginaire oĂč nous respectons la planĂšte et l’espace que nous partageons

Vue en contre-plongée de plusieurs cimes d'arbres.
Photo de kazuend sur Unsplash

Les rapports scientifiques et la multiplication des dĂ©rĂ©glements du climat confirment qu’il est urgent d’agir pour prĂ©server notre avenir. Nous connaissons dĂ©jĂ  les diffĂ©rents leviers d’action dans le domaine de la mobilitĂ©, de l’alimentation, du logement, etc
 Les bibliothĂšques peuvent continuer Ă  faire preuve de pĂ©dagogie et aussi donner l’exemple grĂące aux acquisitions, Ă  l’action culturelle ou avec des jardins partagĂ©s, du compost dans la bibliothĂšque, etc


Cependant il y a aussi un enjeu d’imaginaire Ă  transformer. En effet nous baignons dans un univers oĂč exploiter la nature est normal, oĂč acheter un SUV ou bien construire une piscine sont des signes de rĂ©ussite sociale ou accumuler des objets inutiles est bien vu. Or, pour construire un futur qui ne dĂ©truise plus la planĂšte par un dĂ©veloppement sans fin dans un monde fini, il est crucial d’envisager un autre rapport Ă  notre environnement et d’autres marqueurs sociaux positifs. Pour cela, la fiction et l’art ont un rĂŽle Ă  jouer pour nous aider Ă  s’approprier d’autres perspectives et trouver dĂ©sirables et joyeux un monde oĂč l’on se contente de peu. Un monde oĂč les liens sont plus importants que les biens. Un monde oĂč possĂ©der les derniers objets Ă  la mode n’est pas valoriser. Un monde oĂč prĂ©fĂ©rer prendre des modes de transport doux plutĂŽt que l’avion ne fait pas peser sur vous le risque d’un licenciement.

“Repenser Ă  ces films sous cet angle, c’est commencer Ă  envisager des potentialitĂ©s immenses pour que le cinĂ©ma, au lieu de reconduire les rapports au monde qui le dĂ©truisent, participe de l’élaboration de nouvelles sensibilitĂ©s sans lesquelles il sera impossible de modifier en profondeur les façons d’habiter le monde.” Jean-Michel Frodon https://aoc.media/opinion/2023/08/28/pour-une-eco-mise-en-scene/

Les bibliothĂšques peuvent-elles s’inscrirent dans cette perspective ? Dans une politique d’acquisition et d’actions culturelles restant pluralistes, valoriser ou privilĂ©gier davantage des documents, des spectacles, des confĂ©rences, des ateliers, ou autres qui ouvrent vers des horizons oĂč vivre diffĂ©remment, sans croissance, est possible. Nous n’aurons de tout façon pas de difficultĂ© Ă  respecter le pluralisme car les publications autour du modĂšle extractiviste existeront toujours. Pas d’inquiĂ©tudes Ă  avoir de ce cotĂ©-lĂ .

S’engager en faveur de la survie de l’humanitĂ© au sein d’une nature prĂ©servĂ©e est politique ? Est-ce un engagement partisan pour autant ? Il ne s’agit pas d’inciter le public Ă  voter en faveur de tel ou tel parti, il s’agit d’une cause politique plus large.

PrĂȘt Ă  faire lire, Ă©couter, voir, jouer
 dans un monde oĂč nous sommes en harmonie avec la nature ?

Pour une définition plus longue et plus développée de la politique documentaire

Pyramide de livres avec un cercle vide au milieu. Dans ce cercle flotte un livre ouvert. Ambiance sombre avc une perspective de rayonnages de livres derriĂšre le livre flottant.
Photo de Jaredd Craig sur Unsplash

La politique documentaire bénéficie de deux définitions

La notion de politique documentaire bénéfice de deux définitions proches et complémentaires grùce à B. Calenge et J. Pouchol.

Bertrand Calenge propose la définition suivante :

La politique documentaire recouvre au sein d’une bibliothĂšque l’ensemble des processus visant Ă  contrĂŽler le dĂ©veloppement des collections. Elle recouvre la politique d’acquisition, la politique de conservation (incluant le dĂ©sherbage) et la politique d’accĂšs (incluant les modalitĂ©s d’organisation et  de communication des collections).

JérÎme Pouchol donne une définition proche :

Politique documentaire : Ensemble des objectifs et processus pilotant la gestion de l’information, incluant la politique d’acquisition, la politique de conservation et la politique de mĂ©diation des collections. La politique documentaire est une partie intĂ©grante et essentielle du projet d’établissement, permettant de rĂ©pondre aux missions de la structure et aux attentes des usagers.

Ces deux dĂ©finitions sont concises et transcrivent l’essentiel. Cependant, il me semble utile de les dĂ©velopper un peu pour mieux en apprĂ©hender les diffĂ©rents aspects. Pour cette proposition plus longue, je suis partie de la rĂ©ponse de ChatGPT, trĂšs marquĂ©e par une vision anglo-saxonne, que j’ai adaptĂ© et prĂ©cisĂ©.

Sur une table en bois, pile de livres avec une pomme dessus, des crayons de couleurs et trois petits cubes A, B, C l'un sur l'autre.
Photo de Element5 Digital sur Unsplash

Esquisse d’une dĂ©finition plus longue et plus dĂ©veloppĂ©e de la politique documentaire

La politique documentaire en bibliothĂšque est un ensemble de lignes directrices, de stratĂ©gies et de procĂ©dures mises en place pour gĂ©rer, dĂ©velopper, valoriser et promouvoir la collection de documents, et aujourd’hui d’objets, d’une bibliothĂšque. Elle vise Ă  rĂ©pondre aux besoins et aux attentes du territoire desservi par la bibliothĂšque, tout en optimisant l’utilisation des ressources financiĂšres et humaines disponibles.

Elle est rĂ©guliĂšrement rĂ©visĂ©e pour s’adapter aux Ă©volutions des besoins du territoire et des ressources disponibles. Elle joue un rĂŽle essentiel pour dĂ©velopper une bibliothĂšque dynamique et en phase avec les attentes de ses utilisateurs existants ou potentiels.

En plus de la sĂ©lection et de l’acquisition de nouveaux documents, ainsi que de le dĂ©sherbage des documents obsolĂštes ou peu utilisĂ©s, la politique documentaire englobe la gestion des abonnements aux pĂ©riodiques, la conservation des documents fragiles ou rares, la gestion des formats numĂ©riques, et la valorisation des acquisitions auprĂšs de tous les publics.

Cette valorisation peut prendre diverses formes, telles que des expositions, des ateliers, des recommandations personnalisĂ©es, des guides de lecture, des prĂ©sentations en ligne, et d’autres initiatives visant Ă  mettre en valeur les ressources disponibles et Ă  encourager leur utilisation.

Pensons Ă  la participation des usagers Ă  la politique documentaire

Dans le droit fil des droits culturels, il semblerait pertinent de consolider le versant participation, co-construction voire co-dĂ©cision des politiques documentaires. J’y reviendrais dans un prochain texte.

Accueillir les nouveaux inscrits par un email de bienvenue

«   Nos lecteurs ne savent pas utiliser notre site ou notre portail, quel dommage Â» entend-on rĂ©guliĂšrement dans la bouche des bibliothĂ©caires.

Femme se tenant la tĂȘte Ă  deux mains devant un ordinateur portable.
Photo de Elisa Ventur sur Unsplash

Il nous faut bien sĂ»r continuer Ă  amĂ©liorer l’ergonomie des sites web et prendre le temps de faire une prĂ©sentation du site au moment de l’inscription. Certains collĂšgues le font dĂ©jĂ .

Aprùs l’inscription, pourquoi ne pas envoyer un email de bienvenue ?

Cependant il me semble que nous loupons aussi une Ă©tape, c’est un email de bienvenue suite Ă  l’inscription (pour les lecteurs qui ont acceptĂ© de nous donner leur adresse mail).

Cet email viendrait comme une confirmation de l’inscription et une invitation Ă  utiliser les services en ligne. Une approche ludique et vivante devrait ĂȘtre trouvĂ©e avec des images, des animations voire des vidĂ©os.

Je vous propose quelques idĂ©es pour les contenus d’un tel email:

  • accueil et prĂ©sentation amusante des services du portail: animations, vidĂ©os, strip BD
  • une vidĂ©o du maire ou de l’élu Ă  la culture – le directeur ou un bibliothĂ©caire pour accueillir le nouvel inscrit. (maximum 1m30)
  • la liste des meilleurs prĂȘts et-ou des 10 derniĂšres nouveautĂ©s
  • un cadeau avec un livre epub ou pdf joint. Pourquoi pas un auteur du fonds local en nĂ©gociant les droits avec lui ? Cela peut ĂȘtre une publication de la bibliothĂšque, si par exemple vous faites un concours d’écriture. Sinon un livre libre de droit peut aussi convenir. Ce livre numĂ©rique en cadeau matĂ©rialise aussi plus concrĂštement l’offre de ressources en ligne. Cela la rend plus concrĂšte.
  • la prĂ©sentation de 3 prochains Ă©vĂ©nements de la bibliothĂšque
  • 
 Ă  complĂ©ter sans faire un email trop long non plus
Trois ballons jaunes avec des yeux et un sourire
Photo de Tim Mossholder sur Unsplash

Et en conclusion, affirmer en plus notre disponibilitĂ©: n’hĂ©sitez pas Ă  nous poser des questions !

Ce mail de bienvenu pourrait se conclure en invitation les lecteurs à ne pas hésiter à poser des questions ou demander des suggestions de lectures aux bibliothécaires via un email ou lors de leur passage à la bibliothÚque.

Qu’en pensez-vous ? D’autres approches ou d’autres idĂ©es ? Vous le faites dĂ©jĂ  ?

Ralentir l’action culturelle en bibliothùques

Garage avec plusieurs instruments de musique plus ou mois éclairés.
Photo de John Matychuk sur Unsplash

« c’est un infini en intensitĂ© et non en extension qu’il s’agit d’inventer »

Alexandre Monnin et Nathan Ben Kemoun : La sobriĂ©tĂ© comme suffisance intensive, l’exemple de la musique – La musique en mouvements

Enjeux d’un ralentissement de l’action culturelle

La rĂ©duction plus ou moins importante des budgets ou du temps disponible en interne pour mener des projets alliĂ©e Ă  la prise en compte des enjeux Ă©cologiques engagent les bibliothĂšques Ă  repenser aussi la place de l’action culturelle.

Faire venir de trĂšs loin, mĂȘme en train, certains artistes pour une ou deux soirĂ©es posent aujourd’hui question. EnchaĂźner les expositions ou certaines propositions, pour remplir une saison culturelle et essayer de faire du chiffre, doivent aussi ĂȘtre interroger en terme d’impacts sur le territoire et les habitants.

Élargir vraiment les publics de l’action culturelle, au-delĂ  des multi-pratiquants (qui frĂ©quentent intensĂ©ment tous les lieux culturels) et des convaincus (sur une forme, comme les accros au conte, sur une thĂ©matique, comme les Ă©cologistes convaincus) demande une approche globale et du temps long.

Si les bibliothĂšques veulent aller davantage vers les droits culturels et la co-construction (avec les partenaires et-ou avec le public), il est urgent de ralentir et de prendre le temps de repenser le projet culturel et les mĂ©thodes pour le mettre en Ɠuvre.

Ralentir pour approfondir les projets

Comme le souligne fort justement le compte-rendu du Forum Bis:

  • Ralentir faciliterait la coopĂ©ration et la coconstruction des projets culturels et artistiques.
  • Ralentir permettrait une meilleure articulation des projets culturels aux enjeux Ă©cologiques.
  • Ralentir participerait Ă  la qualitĂ© des projets culturels et artistiques. Il permettrait plus de crĂ©ativitĂ©, un meilleur accueil des Ă©quipes artistiques et des publics, plus de temps pour la rencontre, pour la mĂ©diation.
  • Ralentir offrirait une meilleure qualitĂ© de vie, plus de confort, de sĂ©rĂ©nitĂ©, de sĂ©curitĂ©, de santĂ© au travail. Il ne s’agit pas seulement de faire mieux, mais d’ĂȘtre mieux.
MontgolfiÚre sur un ciel rosé.
Photo de Dzmitry Tselabionak sur Unsplash

Prélude au ralentissement: réfléchir en interne

Les bibliothĂšques ont tout intĂ©rĂȘt Ă  bifurquer dans cette direction commençant par un temps de la rĂ©flexion en interne. Vous pouvez d’ailleurs vous inspirer de l’atelier utilisĂ© lors du Forum Bis (voir en annexe du document)

Les objectifs de l’atelier Ă©taient les suivants:

  • Mettre en dĂ©bat le sujet du renoncement
  • Permettre Ă  un groupe de pouvoir discuter et partager des idĂ©es autour de ce sujet
  • Identifier les axes Ă  explorer en lien avec le renoncement

Trois Ă©tapes pour ce formation d’atelier participatif type World CafĂ©:

  • PremiĂšrement : Que pourrait-on faire moins ?
  • DeuxiĂšmement : Que gagnerait-on Ă  faire moins ?
  • TroisiĂšmement : De quoi aurions-nous besoin pour faire moins ?

Quelques pistes de travail pour ralentir l’action culturelle

Pour conclure provisoirement le sujet, voici des premiÚres pistes de travail et de réflexion:

  • travailler avec des articles locaux sur des pratiques artistiques sur le long terme
  • amplifier les dĂ©marches de co-construction et d’implication des usagers autour de leur talent ou de leur passion.
  • faire venir pour un temps plus long des artistes venant de loin pour des rencontres, des ateliers et de la mĂ©diation dans diffĂ©rents lieux et situations
  • prendre le temps de rendre les projets adaptĂ©s au territoire et aux habitants
  • prendre le temps de donner envie de venir, de participer ou de s’impliquer.

D’autres idĂ©es ? D’autres envies ?

Penser comme un donut

PrĂ©server la planĂšte et prendre soin de nous implique de rĂ©duire tous nos impacts sur l’environnement et de se soucier de l’équitĂ© sociale.

ThimothĂ©e Parrique explique en dĂ©tail dans son essai Ralentir ou pĂ©rir que la croissance n’éradique plus la pauvretĂ©, ne rĂ©duit plus les inĂ©galitĂ©s, ne diminue plus le chĂŽmage, n’est pas nĂ©cessaire pour financer les budgets publics, et a perdu toute corrĂ©lation avec la qualitĂ© de vie.

La « thĂ©orie du donut Â» de Kate Raworth donne une bonne reprĂ©sentation visuelle de la maniĂšre dont il faut penser notre rapport Ă  la planĂšte: il faut ramener tout ce qui dĂ©passe en rouge dans la zone verte.

Image comportant plusieurs cercles, de l'extérieur vers l'intérieur: les risques liés à l'environnement, le plafond environnemental, l'espace sûr et juste pour l'humanité, le plancher social et les différentes catégories de la vie réliées aux enjeux environnementaux.

Ce schĂ©ma du donut permet, Ă  mon sens d’avoir une vision claire des enjeux sociaux, Ă©conomiques et politiques en lien avec la transition Ă©cologique.

“Entre un plancher social qui protĂšge contre les privations humaines critiques et un plafond environnemental qui permet d’éviter le dĂ©passement des seuils naturels critiques, on trouve un espace sĂ»r et juste pour l’humanitĂ© – qui a la forme d’un donut (ou, si vous prĂ©fĂ©rez, un pneu, un bagel ou une bouĂ©e). Il s’agit de l’espace dans lequel tant le bien-ĂȘtre humain que le bien-ĂȘtre planĂ©taire sont assurĂ©s et leur interdĂ©pendance respectĂ©e.”

Pour aller plus loin, vous pouvez lire ici une prĂ©sentation synthĂ©tique de cette thĂ©orie par l’ONG Oxfam.

La dĂ©croissance n’est pas un gros mot mais une Ă©tape nĂ©cessaire pour inverser notre tendance actuelle Ă  dĂ©truire la planĂšte Ă  cause d’une croissance Ă  tout prix avant d’adopter un modĂšle Ă©conomique capable d’allier prĂ©servation de l’environnement et satisfaction des besoins essentiels.

Et si comme le dis si bien l’économiste dans une interview sur BonPote:

« On arrĂȘte tout, on rĂ©flĂ©chit, et c’est pas triste Â».

Ralentir plutĂŽt qu’accĂ©lĂ©rer sans cesse.

Transmettez, débattez de cette approche autour de vous et lisez le livre de Thimothé Parrique !

BibliothĂ©caires : faites de l’écologie au quotidien !

Tag "A bicyclette, c'est chouette!" sur

Proposer des livres et des animations sur l’écologie sont dĂ©jĂ  des actions importantes mais comment les bibliothĂšques peuvent accentuer leur contribution Ă  la lutte contre le changement climatique ? Comment sensibiliser au quotidien les usagers ?

Pourquoi ne pas utiliser par exemple un panneau d’affichage, ou autre solution Ă©quivalente expliquant un des bons gestes ou une action positive Ă  rĂ©aliser ?

Il s’agit Ă  la fois de faire rĂ©flĂ©chir et de montrer les alternatives permettant de prĂ©server la planĂšte:

  • Une bouteille plastique = NON vs Une gourde = OUI. Info sur les bouteilles plastiques
  • Est-ce que vous coupez l’eau du robinet pendant que vous vous brosser les dents ? – Info : un robinet qui coule pendant 2 minutes c’est 25 litres d’eau gaspillĂ©s soit 10 000 litres perdus en un an. Variante possible avec la douche pour se savonner.
Tableau illustré de correspondance entre la fabrication d'un produit et sa consommation d'eau. Exemple: 1 jean c'est 11 000 litres d'eau
source Wedemain
  • Besoin d’un vĂȘtement, d’un objet de dĂ©coration, d’un nouvel appareil Ă©lectromĂ©nager ? Et si vous achetiez d’occasion ? + liste des lieux proches oĂč acheter d’occasion et quelques sites ou applications web.
  • Vous aimez les yaourts, apprenez Ă  les fabriquer vous-mĂȘme : recette + photo du livre oĂč trouver des recettes et sites web
  • La majoritĂ© des Ă©ponges du commerce contient du plastique, qui se disperse dans l’eau Ă  chaque vaisselle, micro-plastique mangĂ© par les animaux
 que nous mangeons. En alternative, vous pouvez fabriquer des tawashis (Ă©ponges lavable): mode d’emploi + prĂȘt du matĂ©riel permettant de les faire + photo du livre
  • Quand vous achetez un gel douche ou une bouteille de shampoing, vous achetez une majoritĂ© d’eau dans une bouteille plastique. En alternative, vous pouvez privilĂ©gier les versions solides oĂč vous avez 100% de produits actifs.


L’idĂ©e dans cette dĂ©marche de sensibilisation est de proposer immĂ©diatement une solution prĂȘte Ă  l’emploi et de renvoyer dans un second temps vers un atelier rĂ©alisĂ© Ă  la bibliothĂšque, un livre ou un site web.

L’enjeu est de montrer que certains gestes sont faciles ou pas trĂšs compliquĂ© et qu’ils peuvent s’y mettre rapidement.

Cela permet de faire infuser dans la tĂȘte de tout un chacun qu’il faut changer nos modes de vie et de consommation, que cela n’est pas si compliquĂ© et que cela peut mĂȘme ĂȘtre sympa.

D’autres idĂ©es pour sensibiliser au quotidien les usagers ?

Transition écologique en bibliothÚque : faire notre révolution copernicienne

Photo d’Alan Rodriguez on Unsplash

Les rapports du GIEC (voir cette synthĂšse parmi d’autres) et la multiplication des publications (livres et films documentaires) nous ont alertĂ©s et plus que sensibiliser Ă  la question du changement climatique, essentiellement un rĂ©chauffement.

Les bibliothĂšques se sont plutĂŽt bien emparĂ©es du sujet en achetant des livres, en initiant des actions vertueuses (fin des gobelets en plastique, tote bag, 
), en programmant des expositions, des confĂ©rences ou des rencontres, et mĂȘme en interrogeant le travail interne.

Les Ă©vĂ©nements de l’étĂ© et l’entrĂ©e plus prĂ©gnante de cette question dans l’agenda politique national ou local nous engagent Ă  passer la vitesse supĂ©rieure.

À cet Ă©gard, il me semble que TOUT doit ĂȘtre (re)pensĂ© en utilisant les prismes suivants : limiter notre impact sur la planĂšte, favoriser la biodiversitĂ© et “rĂ©encastrer l’humain dans la nature” comme le dit Dominique MĂ©da (revue We Demain n°39)

Il ne s’agit pas seulement de renforcer nos actions voire d’en dĂ©ployer de nouvelles pour informer, sensibiliser et induire de nouveaux comportements auprĂšs des habitants de nos territoires. Il ne s’agit pas uniquement d’ĂȘtre plus vertueux en interne (mobilitĂ©, plastification des documents, conception des expositions, 
).

Nous devons acquérir comme réflexe de penser chaque action ou activité de la bibliothÚque avec ce prisme de sauvegarder la planÚte.

Journée départementale de la lecture publique consacrée aux bibliothÚques vertes en Ille et Vilaine
Sophie Sorel-Giffo

Quelques exemples :
– Faut-il plastifier tout ou partie des documents ? Selon la taille de votre bibliothĂšque et le nombre des prĂȘts peut-ĂȘtre pas du tout.
– Faut-il faire venir un comĂ©dien, un conteur ou un groupe de musique de l’autre bout de la France pour une ou deux reprĂ©sentations ? Pourquoi ne pas penser davantage “tournĂ©es” avec les bibliothĂšques voisines ?
– CrĂ©er une exposition en pensant Ă  sa rĂ©utilisation et/ou son recyclage ?
– Les navettes transportants les documents sur un rĂ©seau, faut-il garder le mĂȘme rythme ? Mettre en place une alternative en mobilitĂ© douce (vĂ©lo-cargo) quand c’est possible ?
– Faut-il n’acheter que des livres neufs ? Pourquoi pas acheter des livres d’occasion dans certains cas ?
– Tous les postes informatiques de la bibliothĂšque, en particulier ceux destinĂ©s au public, doivent-ils ĂȘtre allumĂ©s tout le temps ? Sont-ils encore tous utiles ?
– Faut-il encore donner ou vendre des tote bags et autres goodies ?
– Quel Ă©quilibre quantitatif et qualitatif pour notre communication papier et numĂ©rique ? Et pourquoi pas un petit message pĂ©dagogique dans nos affiches et flyers (imprimĂ©s au plus prĂšs des besoins) “venez Ă  pied, Ă  vĂ©lo ou en transports en commun” (quand toutes les options sont possibles et rĂ©alistes pour notre structure) ?

Avant d’obtenir d’importants travaux de rĂ©novation si c’est nĂ©cessaire, il y a certainement des premiĂšres amĂ©liorations simples Ă  mener sur nos bĂątiments avec les services techniques pour limiter les pertes Ă©nergĂ©tiques et autres nuisances Ă  l’environnement.

C’est une rĂ©volution copernicienne vitale. Avoir une vision systĂ©mique des Ă©volutions Ă  mener est incontournable et prendra du temps Ă  se mettre en place, mais elle est indispensable.

À nous de nous en saisir au plus vite et de prouver que les bibliothĂšques peuvent ĂȘtre des acteurs de la transition Ă©cologique !


Tentative d’épuisement des boites Ă  livres

La boite à livres : quelle (fausse) bonne idée!

Les boites Ă  livres sont un sujet qui fĂąche de nombreux bibliothĂ©caires, qui irrite et qui agace la profession
 nous avons l’impression que certains dĂ©cideurs (Ă©lus, direction gĂ©nĂ©rale, direction de la culture, direction de la communication, 
) veulent remplacer la crĂ©ation d’une bibliothĂšque voire substituer la bibliothĂšque existante, qui ne veut pas ouvrir 24 h sur 24, par ce mobilier urbain si peu coĂ»teux et si sĂ©duisant au premier abord.

En effet, la boite Ă  livre est l’archĂ©type de la fausse bonne idĂ©e, car elle semble avoir des nombreuses qualitĂ©s :

– mobilier peu coĂ»teux mĂȘme si on essaie de faire un mobilier beau et visible.
– quasiment pas d’entretien. Un petit coup de peinture de temps en temps
– fonctionne en autonomie et sans budget de fonctionnement : les habitants dĂ©posent leurs livres et prennent ce qui les intĂ©ressent pour les ramener ou pas. Pas de personnel et pas de logiciels pour enregistrer les prĂȘts. Pas de budget pour acheter des livres
– cerise sur le gĂąteau : la boite Ă  livre, c’est de l’économie circulaire, du circuit court, du local et du dĂ©veloppement durable. La boĂźte Ă  livres favorise l’échange d’objets Ă  durĂ©e de vie rĂ©duite.

La boite à livre, c’est le mal absolu ! Ce n’est pas une bibliothùque !

PiquĂ© au vif et attaquĂ© sur l’aile de sa reconnaissance professionnelle, le bibliothĂ©caire ronchon dĂ©roule alors ses arguments contre la boite Ă  livres :

– le choix est restreint : beaucoup de fictions et rarement des nouveautĂ©s. Peu de documentaires et de revues.
– il n’y a que des livres laids et obsolĂštes. De nombreux habitants y dĂ©versent le grenier de leurs grands-parents avec des livres en mauvais Ă©tat, des reliures trĂšs laides type Club du livre, des poches aux pages jaunies, des documents dĂ©passĂ©s (Guide Juridique, dictionnaires ou Vidal des annĂ©es 50, EncyclopĂ©die en plusieurs volumes
), des livres jeunesse gnangnan (certains auraient mĂȘme vu des albums de Martine, mais ils ne sont plus lĂ  pour tĂ©moigner, car ils ont Ă©tĂ© victimes d’un des monstres de Lovecraft connus pour frĂ©quenter rĂ©guliĂšrement les boites Ă  livres.), des revues Ă  moitiĂ© dĂ©chirĂ©es, des annales du bac des annĂ©es 1980, etc. Dans le meilleur des cas, nous y trouvons des classiques de la littĂ©rature dans des Ă©ditions un peu dĂ©fraĂźchies ou des livres rĂ©cents (de 1 Ă  5 ans) en Ă©tat correct. Tout cela parce qu’on ne jette pas des livres, c’est sacrĂ© !


– le risque d’y trouver des ouvrages sectaires ou de sciences parallùles, des prospectus commerciaux en tout genre
– le choix n’est pas stable, et mĂȘme si nous avons vu un livre susceptible de nous intĂ©resser, nous ne sommes pas sĂ»rs de l’y retrouver la prochaine fois, alors qu’en bibliothĂšque, on peut rĂ©server !
– le choix dĂ©pend beaucoup des dons et peut trĂšs bien ne pas changer pendant des mois. Le lecteur flĂąneur peut finir pas se lasser de ne rien trouver de nouveau. Parfois la boite est peu remplie et il ne reste que des livres en mauvais Ă©tat ou trĂšs vieux. Parfois, la boite dĂ©borde, mais on n’y trouve quand mĂȘme rien d’intĂ©ressant pour-soi.
– etc. j’en oublie certainement.

Tout cela est juste et logique, car une boite à livre n’est pas une bibliothùque
 Voilà le problùme majeur qui nous agace fortement, la boite à livres ramùne la bibliothùque à une simple collection de livres alors qu’elle est bien plus.

Comme le dit si bien la Loi de la sénatrice Sylvie Robert :

“Les bibliothĂšques (
) ont pour missions de garantir l’égal accĂšs de tous Ă  la culture, Ă  l’information, Ă  l’éducation, Ă  la recherche, aux savoirs et aux loisirs ainsi que de favoriser le dĂ©veloppement de la lecture.

A ce titre, elles :

1/Constituent, conservent et communiquent des collections de documents et d’objets, dĂ©finies Ă  l’article 4, sous forme physique ou numĂ©rique ;

2/ Conçoivent et mettent en Ɠuvre des services, des activitĂ©s et des outils associĂ©s Ă  leurs missions ou Ă  leurs collections. Elles en facilitent l’accĂšs aux personnes en situation de handicap. Elles contribuent Ă  la rĂ©duction de l’illettrisme et de l’illectronisme. Par leur action de mĂ©diation, elles garantissent la participation et la diversification des publics et l’exercice de leurs droits culturels ;

(
)

Les bibliothĂšques transmettent Ă©galement aux gĂ©nĂ©rations futures le patrimoine qu’elles conservent. A ce titre, elles contribuent aux progrĂšs de la connaissance et de la recherche ainsi qu’à leur diffusion.

Ces missions s’exercent dans le respect des principes de pluralisme des courants d’idĂ©es et d’opinions, d’égalitĂ© d’accĂšs au service public et de mutabilitĂ© et de neutralitĂ© du service public.”


Je m’arrĂȘte lĂ , il y aurait tant Ă  dire.

Laissons les boites Ă  livres aux romantiques et continuons Ă  rendre crĂ©dibles nos bibliothĂšques comme lieu de partage, d’animation et d’ouverture sur le monde.

ArrĂȘtons d’essayer de lutter contre les boites Ă  livres ou de vouloir les Ă©liminer, laissons les vivre et mourir (comme dirait James Bond) ou au pire vivoter. Si nous en avons la responsabilitĂ©, faisons-en un outil attrayant avec un choix sĂ©rieux et large. De toute façon il sera forcĂ©ment moins large, moins diversifiĂ© et moins pĂ©renne qu’une bibliothĂšque.

Utilisons plutĂŽt notre Ă©nergie pour faire de l’advocacy en faveur des bibliothĂšques dont les collections sont choisies, organisĂ©es, Ă©clectiques ou diversifiĂ©s et stables Ă  moyen ou long terme.

Mais surtout, les bibliothĂšques sont bien plus qu’une collection, mais un lieu de vie, de partage, de dĂ©couverte, d’animations, d’apprentissage, d’accĂšs au numĂ©rique, d’éducation, d’échanges intergĂ©nĂ©rationnels
 vers l’infini et au-delĂ .

Jeunes et culture numérique

Photo de Marius Masalar sur Unsplash

(texte de ma présentation pour la journéee professionnelle Jeunes et culture numérique du 07 avril 2022 à Evreux)

Le rapport des jeunes au numérique est un sujet assez vaste traité dans de nombreux livres, émissions radio ou télévisées parfois de maniÚre caricaturale pour dénoncer certains excÚs, trop de temps passé devant un écran ou trop de violence dans les jeux vidéo. Cette présentation synthétique restreindra le sujet en abordant quelques aspects en lien avec les bibliothÚques.

J’aborde en premiĂšre partie cette question sous forme d’une Ă©quation Ă  trois variables : le rapport des jeunes au numĂ©rique, le rapport des bibliothĂšques au numĂ©rique, les rapports entre les jeunes et les bibliothĂšques. Je termine dans une seconde partie en traçant quelques perspectives afin de dĂ©velopper une culture numĂ©rique en bibliothĂšque avec les jeunes.

I – Une Ă©quation Ă  trois variables

1. Le rapport des jeunes au numérique

Illusion de la maßtrise et fracture numérique chez les jeunes

  • maĂźtrise forte, mais partielle : les jeunes sont habiles sur un usage rĂ©crĂ©atif mais peuvent connaĂźtre des difficultĂ©s avec des dĂ©marches administratives, par exemple Ă©crire un mail avec une demande importante ou faire un achat en ligne. Ils ne sont Pas toujours en capacitĂ© de rĂ©soudre une panne technique simple comme un problĂšme de branchement.

Savoir utiliser Youtube ou Tiktok n’implique de savoir faire une recherche en ligne ou ĂȘtre capable d’utiliser un tableur Excel

  • utilisation limitĂ©e Ă  certains sites ou Ă certaines applications dans une logique d’entre-soi
 trĂšs volatile et Ă©volutif selon les modes
  • fracture numĂ©rique en termes de matĂ©riel et de couverture internet ou 4G

«L’accĂšs Ă  internet reste trĂšs corrĂ©lĂ© Ă  la situation sociale des rĂ©pondants : 69,8 % des collĂ©giens de PCS « ouvriers-inactifs » dĂ©clarent ĂȘtre connectĂ©s Ă  internet contre 92,4 % pour la catĂ©gorie PCS « cadres et professions intellectuelles supĂ©rieures. »

Le smartphone, l’objet majeur pour l’accĂšs au numĂ©rique

Youtube et les “rĂ©seaux sociaux Ă©phĂ©mĂšres”

« Les adolescents privilĂ©gient les « rĂ©seaux Ă©phĂ©mĂšres » pour communiquer, crĂ©er, partager : pour les plus jeunes de notre Ă©chantillon (11-14 ans), Facebook est devenu un lieu beaucoup trop institutionnel ; ils ne frĂ©quentent pas les pages Facebook des bibliothĂšques alors qu’ils vont volontiers s’informer sur celles des clubs de foot. Ils gardent un compte pour des raisons logistiques (tĂ©lĂ©chargement d’applications ou de jeux) mais ne s’en servent plus pour Ă©changer Â» (source EnquĂȘte INJEP 2017)

Youtube est la star des utilisations par les jeunes

Les jeux vidéos une pratique sociale et genrée

La sociabilité dans la pratique des jeux vidéos est une dimension importante :

  • 82,7 % des rĂ©pondants dĂ©clarent jouer avec des amis ou des proches
  • 58,8 % avec des joueurs rencontrĂ©s en ligne
  • 69,2 % seuls contre la machine.

Mais cela concerne plus les garçons, qui jouent beaucoup plus souvent entre amis et contre des joueurs rencontrés en ligne. Les filles jouent plus seules contre la machine.

La pratique des jeux vidéo des collégiens est presque deux fois plus masculine (91 % des garçons déclarent les pratiquer contre 46,5 % des filles). Et surtout, les jeux cités diffÚrent en fonction du sexe :

  • Clash royale, Minecraft et Piano Tiles chez les filles ;
  • FIFA, Clash royale, GTA chez les garçons.

Des pratiques culturelles simultanĂ©es, variĂ©es et s’inscrivant dans une continuitĂ© entre physique et numĂ©rique.

Sylvie Octobre dans son Ă©tude sur Les cultures juvĂ©niles de l’ùre mĂ©diatique Ă  l’ùre numĂ©rique, soulignait les points suivants

  • Les jeunes sont toujours en recherche de mĂ©dias expressifs, interactifs et innovants et cela rejoint leur besoin d’expĂ©rimentation : dans chaque gĂ©nĂ©ration, ils ont portĂ© le dĂ©veloppement des pratiques en amateur. En 2008, un quart des 15-29 ans jouent d’un instrument de musique, un jeune sur trois pratique le dessin, tandis que la pratique de la photographie s’est dĂ©veloppĂ©e avec les technologies numĂ©riques et la diffusion massive des smartphones et concerne aujourd’hui 9 jeunes sur 10.
  • Le basculement numĂ©rique a induit une quadruple mutation : des rapports Ă  l’espace et au temps d’abord, mais Ă©galement et plus particuliĂšrement aux objets culturels, de plus en plus hybrides, et aux modalitĂ©s de labellisation ou d’édiction de la valeur symbolique, qui Ă©chappe tendanciellement aux institutions culturelles.
  • Un cosmopolitisme esthĂ©tique et culturel croissant des jeunes, qui se lit dans la multiplicitĂ© des contenus culturels exotiques consommĂ©s, (
) et donnent lieu Ă  la constitution de nouveaux savoirs culturels.

L’enquĂȘte de l’INJEP complĂšte ainsi:

“Beaucoup pratiquent plusieurs activitĂ©s culturelles numĂ©riques simultanĂ©ment (musique, jeux, information, films
).”

Toutes les dimensions des activitĂ©s numĂ©riques et physique de consommation, de communication, de partage et de crĂ©ation se mĂ©langent et s’entremĂȘlent. Pour les jeunes, le numĂ©rique ne reprĂ©sente pas une sĂ©rie d’outils mais un continuum et un environnement dans lequel ils agissent:

  • « Je lis des paroles de rap et j’en Ă©cris.»
  • « J’écoute de la musique, je cherche des morceaux, j’écoute des albums sur des sites, je regarde des sites, je fais des play lists.»
  • « Je me filme en train de jouer de la musique.»
  • « J’invente des clips pour mes chansons.»

“Internet est prĂ©sent comme une scĂšne de travestissement et d’apprentissage, moyen pour les jeunes de tester des appartenances ou de s’exercer Ă  la vie.” (Chantal Dahan, revue Champs Culturels n°28, novembre 2016)

“les pratiques culturelles restent pour les adolescents un moyen de se construire et de s’affirmer, au milieu des pairs.”

2. Le rapport des bibliothÚques au numérique

MĂȘme si elles s’en sont emparĂ© depuis quelques annĂ©es, le numĂ©rique reste un objet rĂ©cent dans les bibliothĂšques. Il n’y a pas forcĂ©ment de maĂźtrise homogĂšne au sein d’une Ă©quipe et d’accord ou de vision partagĂ©e sur la maniĂšre d’utiliser le numĂ©rique quels que soient les publics visĂ©s. Le numĂ©rique a souvent son spĂ©cialiste, ses espaces et ses actions.

Le numĂ©rique c’est Ă  la fois des ressources (informations, contenus
), des usages (s’informer, visionner, jouer, communiquer) et des outils (matĂ©riels, logiciels
)

En bibliothÚques, il y a un mélange de tout cela mais surtout une médiation des savoirs par le numérique et un peu de formations sur les usages et les outils.

« La “mĂ©diation numĂ©rique“ dĂ©signe la mise en capacitĂ© de comprendre et de maĂźtriser les technologies numĂ©riques, leurs enjeux et leurs usages, c’est-Ă -dire dĂ©velopper la culture numĂ©rique de tous, pour pouvoir agir dans la sociĂ©tĂ© numĂ©rique. » (Portail de la mĂ©diation numĂ©rique )

Pour dĂ©velopper le numĂ©rique dans sa bibliothĂšque : il est fondamental de se mettre d’accord et de partager en interne une stratĂ©gie, c’est-Ă -dire quels objectifs, pourquoi et comment les atteindre en prenant en compte l’ensemble des actions de la bibliothĂšque. Sinon il y a risque d’empilement chronophage avec une perte de sens ou de juxtaposition sans lien avec les autres missions de la bibliothĂšque.

3. Les rapports entre les jeunes et les bibliothĂšques

Les jeunes et le numérique en bibliothÚques

Les Jeunes sont un public trĂšs prĂ©sent en bibliothĂšques, mĂȘme s’il y a un creux d’inscription, peut-ĂȘtre un peu en frĂ©quentation Ă  l’adolescence. Dans l’optique de construire les lecteurs et les citoyens de demain, les bibliothĂšques investissent fortement en direction de ces publics notamment avec l’accueil des classes maternelles, primaires et collĂšges.

La musique, le numĂ©rique, le jeu vidĂ©o, le jeu de sociĂ©tĂ© et
 l’esport sont souvent utilisĂ©s pour intĂ©resser, attirer et fidĂ©liser un public adolescent.

Le dĂ©ploiement du dispositif des micro-folies a aussi apportĂ© une modalitĂ© d’actions culturelles supplĂ©mentaire notamment dans le domaine de l’Education Artistique et Culturelle.

Nous assistons Ă  un foisonnement d’actions et d’expĂ©riences en direction des adolescents avec un certain nombre de limites:

  • Jeux vidĂ©o sur place, essentiellement Ă  partir des consoles ou des tablettes. PrĂȘt de jeux vidĂ©o sous forme de support, mais pas d’abonnement possible Ă  des plateformes. Quid de la pratique multi-joueurs en ligne ?
  • des ressources en ligne avec la mise en avant ponctuelle de documents numĂ©riques pour ces publics. Comment les rendre visibles ? Incarner physiquement ces ressources grĂące Ă  des objets qui renvoient vers le portail (lien par QR code par exemple.)
  • des ateliers de recherche d’informations ou de pratiques numĂ©riques en tout genre.
  • de l’action culturelle avec des spectacles comportant parfois une composante numĂ©rique plus ou moins forte

Deux exemples complĂ©mentaires de ce qui sera prĂ©sentĂ© lors des tables-rondes de l’aprĂšs-midi

Atelier stop motion Ă  Bresles (Oise)

enregistrement des voix pour le film en stop-motion

https://mdo.oise.fr/la-mdo/a-la-une/3088-atelier-stop-motion-a-la-bibliotheque-de-bresles

Créer Martigues (Bouches-du-RhÎne) dans Minecraft pour en faire ensuite un terrain de jeu vidéo

https://www.livre-provencealpescotedazur.fr/blog/des-ateliers-jeux-video-en-bibliothegraveque-2093

Trois écueils avec le numérique
 et les jeunes

  • S’emparer du numĂ©rique pour suivre le mouvement sans innover un peu soi-mĂȘme
  • Concevoir des politiques d’acquisitions Ă  la croisĂ©e des collections physiques et collections numĂ©riques avec la limite des offres des prestataires alors que les adolescents plĂ©biscitent d’autres sources pour satisfaire leurs besoins en films, sĂ©ries, musiques ou BD-manga.
  • Utiliser le numĂ©rique pour attirer les publics jeunes dans la bibliothĂšque sans tenir compte de certains risques, comme disposer de suffisamment d’espaces pour accueillir ces publics et favoriser la cohabitation des diffĂ©rents publics. Proposer le wifi et des jeux vidĂ©o sur place ne suffisent pas Ă  faire une stratĂ©gie visant Ă  attirer et Ă  fidĂ©liser les jeunes.

II – Perspective: dĂ©velopper une culture numĂ©rique en bibliothĂšque avec les jeunes

Il semble vain de courir aprĂšs le dernier rĂ©seau social ou d’utiliser les pratiques numĂ©riques Ă  la mode chez les jeunes par exemple faire des chorĂ©graphies endiablĂ©es sur Tiktok

Une approche plus constructive serait de crĂ©er une dynamique de partage des savoirs autour du numĂ©rique. Il s’agit de se saisir de cette opportunitĂ© afin de nouer une autre relation aux jeunes, mais aussi aux autres publics. Nous pourrions ainsi :

  • apprendre des jeunes ce qu’ils savent faire dans le numĂ©rique
  • leur transmettre nos connaissances sur le numĂ©rique.

C’est l’occasion pour nous d’élargir notre culture numĂ©rique, c’est l’occasion pour eux de maĂźtriser d’autres dimensions du numĂ©rique. Mettons ainsi en place une relation plus « horizontale » entre jeunes et bibliothĂ©caires.

Dans certaines bibliothĂšques, les adolescents sont des Ă©lĂ©ments moteurs. Ils peuvent proposer des ateliers, de nouveaux jeux vidĂ©o, des crĂ©ations, des animations dont il faut s’emparer.

La dimension nouvelle rĂ©side dans le glissement de “la transmission des savoirs” Ă  un ”partage” des savoirs, mouvants, co-construits, Ă©volutifs. Mieux vaut un projet pensĂ© avec les jeunes, partant de leurs envies Ă©noncĂ©es et de leurs besoins (
) qu’une mĂ©diation sans public ou de la technique sans objectif. » (Leusse-Le Guillou, 2015)

La Mashup Table en action

Quelques pistes non-exhaustives :

  • Accompagner de prolongements numĂ©riques des actions au sein de la bibliothĂšque: filmer des ateliers ou des activitĂ©s pour les diffuser ensuite, en garder une trace et mieux les faire connaĂźtre, par exemple crĂ©er un Booktube autour des coups de coeur. Nous pouvons aussi envisager ces prolongements comme des complĂ©ments (astuces ou coups de coeur supplĂ©mentaires)
  • Utiliser la Mashup Table pour rĂ©aliser des petites fictions tout en apprenant la rĂ©alisation et le montage vidĂ©o
  • Faire crĂ©er une carte numĂ©rique par les jeunes dĂ©crivant un parcours “street art” dans la commune.
  • RĂ©aliser des webradios et des vidĂ©os

Conclusion

Pour résoudre cette équation entre les jeunes, les bibliothÚques et le numérique, deux pistes majeures sont à explorer :

  1. Sortir de la prescription et ĂȘtre dans la co-construction. Cette approche permettra d’ailleurs de faire de certains jeunes des “ambassadeurs” de la bibliothĂšque Ă  travers des activitĂ©s animĂ©es par eux ou des contenus choisis-rĂ©alisĂ©s par eux.
  2. Travailler la continuitĂ© entre le physique et le numĂ©rique
 pour les jeunes, mais aussi pour tous les publics. En effet, les deux s’imbriquent de plus en plus.

Sources

1/ Plusieurs rĂ©flexions et exemples citĂ©s sont issus du rapport 2018 de l’Injep (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire) Jeunes, bibliothĂšques, numĂ©rique et territoire : vers de nouvelles interactions de CĂ©cile Delesalle, Chantal Dahan, GĂ©rard MarquiĂ© avec la collaboration de Mirabelle Gallego.

2/ Deux pouces et des neurones. Les cultures juvĂ©niles de l’ùre mĂ©diatique Ă  l’ùre numĂ©rique de Sylvie OCTOBRE (La Documentation française, 2014)

SynthĂšse en ligne

2/ Revue Champs Culturels n°28 – Cultures numĂ©riques et pratiques numĂ©riques des jeunes : donner du sens aux usages

3/ La Fracture numĂ©rique n’épargne pas les jeunes – France Culture

PrĂ©lude Ă  l’évolution des bibliothĂšques dans un monde complexe

Complexité
Photo CC PhOtOnQuAnTiQuE https://www.flickr.com/photos/photonquantique/

J’ai Ă©tĂ© invitĂ© le 26 novembre 2015 Ă  Rennes comme grand tĂ©moin de la journĂ©e d’étude suivante:

BibliothÚques et numérique : vers des espaces de création et de participation
Une part importante du savoir et de la connaissance circule maintenant sur le Web. Les bibliothĂ©caires expĂ©rimentent les offres Ă©lectroniques et ont imaginĂ© des dispositifs de mĂ©diation pour valoriser ces ressources souvent mal identifiĂ©es. L’influence des technologies tend donc Ă  prendre de nouvelles formes en bibliothĂšque, accompagnant ainsi le mouvement de fond que les usages du numĂ©rique provoquent depuis maintenant 30 ans.

« BiBlio and co », pour une innovation ouverte !
Avec l’éclosion de la culture « maker », et Ă  l’heure des « FabLab » et des « Biblioremix », les pratiques participatives rĂ©investissent les espaces physiques, encourageant ainsi la crĂ©ation et l’expression. De nouvelles tendances se dessinent pour procurer des amĂ©liorations ou des services supplĂ©mentaires. Multiplier les dispositifs interactifs et stimuler l’expression permet certes d’attirer et de fidĂ©liser les publics. Mais les pratiques numĂ©riques et participatives apparaissent aussi comme une occasion de « faire avec » les publics, et de rĂ©flĂ©chir aux nouvelles formes de transmission de la culture.
Au-delĂ  de ces questions pratiques, et Ă  l’heure de la question de l’utilitĂ© mĂȘme des mĂ©diathĂšques au XXIe siĂšcle, c’est bien l’enjeu de la place de la bibliothĂšque Ă  l’horizon de la Ville intelligente (Smart City) qui sera posĂ©e lors de cette journĂ©e.

voir le programme ici

Une trĂšs belle journĂ©e d’étude qui alliait Forum de projets et ateliers le matin avec une partie plus thĂ©orique l’aprĂšs-midi.AprĂšs une synthĂšse participative des ateliers du matin (avec la technique Ă©prouvĂ©e des post-it proposĂ©e par Eric 😉 ), j’ai fait une mise en perspective. Pour prendre un peu de hauteur, il s’agit d’une premiĂšre approche pour transposer aux bibliothĂšques la notion de complexitĂ© et de pensĂ©e systĂ©mique chĂšre Ă  Edgar Morin. Cela donnera lieu Ă  d’autres textes plus dĂ©veloppĂ©s dans de prochains billets.Je vous copie ci-dessous le plan de mon intervention pour laquelle je n’ai pas fait de diaporama.Co-production de la politique culturelle avec le territoire : DĂ©passer une culture de l’offre
 documentaires et de services

  • Croiser les regards avec tous les acteurs du territoire
    • Question collective Ă  se poser avec tous les acteurs concernĂ©s pour croiser les regards et sortir d’un point de vue biblio centrĂ©: 

« quel effet, quel impact, quelles objectifs sur le territoire du point de vue culturelle, Ă©ducatif et social Â»

    • coproduire et coopĂ©rer avec les acteurs du terrain pour rĂ©flĂ©chir, embrasser toutes les problĂ©matiques, fixer des choix communs et y travailler ensemble
  • la politique culturelle ne doit pas ĂȘtre le seul apanage des acteurs culturels
  • le concept de ville intelligente est peut-ĂȘtre rĂ©ducteur, parlons plutĂŽt de la sociĂ©tĂ© intelligente capable de s’auto-eco-rĂ©organiser dans un monde complexe
  • plus que faire avec les publics, c’est crĂ©er les conditions d’une coproduction et de la maniĂšre de contribuer collectivement aux Ă©volutions culturelles, Ă©ducatives et sociĂ©tales du territoire dans lequel nous sommes
 

Pour le crĂ©ateur de la Kao Compagnie, sociĂ©tĂ© de cosmĂ©tiques et de produits d’entretien, le but de l’entreprise n’est pas d’augmenter ses profits ou de prendre des parts de marchĂ© Ă  ses concurrents, mais de crĂ©er de la connaissance pour ses usagers !

  • nĂ©cessite de partager avec les acteurs du territoire ce qu’est une bibliothĂšque, la culture et contribuer collectivement Ă  faire Ă©voluer la vision de la bibliothĂšque et ses enjeux
  • Un projet n’a de sens que s’il a du soutien
  • Changer de modĂšle et cultiver l’intelligence collective dans nos organisations
 RĂ©volution Ă  la Secu Belge: l’autonomie, le management au rĂ©sultat, la libertĂ© dans l’organisation du travail au bureau et Ă  la maison + une expĂ©rience de cooptation.
Pour les bibliothĂšques, il me semble que les enjeux dans un monde complexe et mouvant sont de deux ordres:
  • contribuer Ă  d’autres politiques que la seule lecture publique et s’insĂ©rer de maniĂšre plus globale dans la vie de son territoire mais pas seulement avec du partenariat
  • faire comprendre de maniĂšre le plus intime possible ce qu’est une bibliothĂšque aux acteurs, y compris les usagers, et leur permettre de contribuer Ă  celle-ci.

Voir le live tweet #ChignonBzh

J’ai conscience que le plan peu paraĂźtre un peu sec mais d’autres explications sont Ă  venir et je le partage pour les participants Ă  la journĂ©e d’étude.

N’hĂ©sitez pas Ă  complĂ©ter et Ă  questionner.

La bibliothÚque 3Úme lieu: propositions pour une démarche marketing

couverture MediathĂšme Bibliotheques 3eme lieu

Le texte ci-dessous a Ă©tĂ© publiĂ© dans le mĂ©diathĂšme « BibliothĂšques troisiĂšme lieu Â» coordonnĂ© par Amandine Jacquet (ABF, 2015, isbn 978-2-900177-41-9) que je vous recommande chaudement d’acheter.


La bibliothĂšque troisiĂšme lieu est un concept qui permet de repenser les services et l’accueil du public en bibliothĂšque. Afin de complĂ©ter cette avancĂ©e, nous devons avoir une stratĂ©gie plus globale pour multiplier les occasions de faire connaĂźtre la bibliothĂšque et de fidĂ©liser les usagers. Au fil des annĂ©es, les bibliothĂšques n’ont cessĂ© de se remettre en cause et d’évoluer, en proposant des animations, un accĂšs Internet et des espaces numĂ©riques et de nouveaux supports, ou en sortant de leurs murs pour nouer des partenariats tout azimut. La montĂ©e en puissance de l’usage des Ă©crans (tĂ©lĂ©vision, ordinateurs, tablettes
) a induit une baisse globale du nombre de gros lecteurs et des inscrits en bibliothĂšque qui a beaucoup remis en cause ce travail de longue haleine. Les bibliothĂ©caires n’ont pas tardĂ© Ă  trouver de nouvelles maniĂšres d’exercer leur rĂŽle de mĂ©diateur culturel en prenant conscience que la frĂ©quentation sans inscription Ă©tait elle en hausse et que la plupart des internautes rĂ©clamaient des repĂšres sur Internet. La hausse conjointe de l’individualisme, de la dĂ©matĂ©rialisation des contacts humains et du sentiment d’isolement provoque trĂšs probablement l’attente d’espaces permettant l’émergence de pratiques collectives et d’un sentiment d’appartenance. D’oĂč le succĂšs actuel de la notion de troisiĂšme lieu, qui rencontre les aspirations collectives d’une population et les aspirations des hommes politiques Ă  la participation citoyenne active de la dite population. SuccĂšs donc de la bibliothĂšque comme lieu de vie pour ceux qui viennent sur place et de la mĂ©diation numĂ©rique, pour orienter les usagers dans le maelström des ressources numĂ©riques et du web. L’amalgame de ces diffĂ©rentes strates, les plus anciennes et les nouvelles, s’est fait de maniĂšre plus ou moins heureuse et il apparaĂźt nĂ©cessaire de retrouver une vision et une stratĂ©gie plus globale. C’est le sens de la proposition de stratĂ©gie Ă  360 degrĂ©s que nous allons dĂ©velopper.

I. La bibliothĂšque comme carrefour de la vie culturelle

La collection n’est plus un artefact magique, si elle ne l’a jamais Ă©tĂ©, qui attire irrĂ©sistiblement le public vers la bibliothĂšque. La supposĂ©e ubiquitĂ© et disponibilitĂ© permanente des contenus culturels en ligne a dĂ©valorisĂ© la collection physique. Quand un usager ou un nouvel usager potentiel vient Ă  la bibliothĂšque, il est important de l’accueillir dans les meilleures conditions et de lui proposer une expĂ©rience culturelle forte. La bibliothĂšque a tout intĂ©rĂȘt Ă  devenir un carrefour de la vie culturelle, c’est Ă  dire un troisiĂšme lieu dont les activitĂ©s s’articulent autour des contenus culturels que ce soit la culture vivante Ă  travers les animations, la formation tout au long de la vie ou les pratiques culturelles plus traditionnelles. En effet l’enjeu est de donner de multiples raisons aux usagers de venir Ă  la bibliothĂšques. C’est pourquoi toute notre Ă©nergie doit se tourner vers la mise en relation des usagers et des contenus culturels, que cela passe par un concert de musique qui donne envie de dĂ©couvrir un genre musical, par un extrait de piĂšce de thĂ©Ăątre qui invite Ă  voir l’intĂ©gralitĂ© dans la salle de spectacle toute proche, que ce soit un cours de langue qui permette d’élargir ses horizons ou un atelier d’écriture qui incite Ă  lire des nouvelles. Dans l’esprit d’un lieu de culture vivante, il est de notre responsabilitĂ© de devenir un lieu de diffusion alternatif d’Ɠuvres qui n’ont pu trouver d’espaces de diffusion pour des raisons strictement Ă©conomiques comme les films documentaires tournĂ©s et montĂ©s mais jamais distribuĂ©s. Nous devons bien sĂ»r exercer, comme pour les acquisitions, un travail de dĂ©frichage, de recherche et de sĂ©lection dans ce domaine. Il ne s’agit pas de tout diffuser mais de choisir ce qui sera complĂ©mentaire et cohĂ©rent avec les collections existantes tout en acquĂ©rant ce qui a du sens par rapport aux enjeux de sociĂ©tĂ© du moment, et par rapport au territoire sur lequel est implantĂ© la bibliothĂšque.

Certaines de ces mutations sont dĂ©jĂ  largement entamĂ©es de maniĂšre diverses et variĂ©es selon la taille des Ă©quipements, les moyens humains et financiers disponibles. C’est pourquoi il me paraĂźt maintenant nĂ©cessaire de penser Ă  360 degrĂ©s la stratĂ©gie d’une bibliothĂšque. L’enjeu est d’agir dans toutes les directions pour ĂȘtre encore plus prĂ©sent et encore plus identifiĂ© afin d’attirer et de fidĂ©liser davantage les usagers existants ou potentiels.

II. Eléments de réflexion pour une stratégie marketing à 360 degrés

Cette approche s’inspire de ce que nous pouvons observer dans les mĂ©dias et les industries culturelles. Ainsi le groupe Radio France ne se contente plus d’ĂȘtre une radio mais il est devenu Ă©diteur de livres et de magazines et mĂȘme d’un prix littĂ©raire(1). Radio France met en ligne les vidĂ©os de certaines sĂ©quences de ces Ă©missions, dĂ©veloppe un site Internet de plus en plus riche et interactif sans compter la multiplication des Ă©vĂšnements comme les Ă©missions spĂ©ciales dĂ©localisĂ©es ou la fĂȘte du livre de Radio France. C’est dans l’industrie musicale que la stratĂ©gie marketing Ă  360 degrĂ©s a Ă©tĂ© la plus utilisĂ©e face Ă  la crise du disque compact : une mĂȘme entitĂ© prend en charge l’enregistrement, la fabrication, la distribution du disque, la promotion, la rĂ©alisation des clips, l’organisation des tournĂ©es et la gestion des droits pour un artiste.

En matiĂšre de bibliothĂšques, cela pourrait se traduire de diffĂ©rentes maniĂšres en fonction de la taille et des moyens dont elles disposent. Le premier axe serait de diffuser en ligne systĂ©matiquement l’action culturelle et tous les Ă©vĂšnements se dĂ©roulant Ă  la bibliothĂšque sous forme d’enregistrements vidĂ©os (2) et/ou audios (3). La mise Ă  disposition des expositions sous forme d’expositions virtuelles enrichies pourrait aussi devenir un rĂ©flexe (4). L’action culturelle de fond ou Ă©vĂšnementielle deviendrait ainsi une collection comme une autre de la bibliothĂšque. Ce qui impliquerait d’ailleurs de la rĂ©fĂ©rencer dans la recherche catalogue.

Pour une bibliothĂšque moyenne Ă  grande ou dans le cadre d’un rĂ©seau, la publication d’un magazine Ă  dimension culturelle qui s’articule autour des contenus et des activitĂ©s de la bibliothĂšque reprĂ©sente un autre axe important. Il ne s’agit pas juste d’un programme d’animations mais bien d’un magazine qui prolonge et accompagne ce que fait la bibliothĂšque. Les bibliothĂšques de certaines grandes villes, comme Lyon ou Rouen (5), sont dĂ©jĂ  dans cette dĂ©marche. Des articles ou des dossiers, s’appuyant sur des expositions ou des thĂ©matiques d’actualitĂ©s, ouvrent des perspectives dans et hors de la bibliothĂšque Ă  la maniĂšre de certains hebdomadaires d’actualitĂ©.

En effet, face au flux d’information, les usagers sont Ă  la recherche de sĂ©lections pertinentes et validĂ©es dans diffĂ©rents domaines. Selon diffĂ©rents sondages fait notamment aux Etats-Unis, les bibliothĂ©caires sont bien identifiĂ©s et bien placĂ©s dans ce domaine. Aux professionnels des bibliothĂšques françaises de s’emparer davantage de la mission de bibliothĂšque de rĂ©fĂ©rence pour publier des informations pouvant servir de rĂ©fĂ©rences ou de repĂšres via des magazines papier ou Internet (site officiel ou rĂ©seaux sociaux).
Si comme nous le suggĂ©rions ci-dessus la bibliothĂšque s’engage dans une dĂ©marche de lieu de diffusion alternatif et dans la mesure oĂč les contenus diffusĂ©s ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s par les soins des bibliothĂ©caires, la bibliothĂšque pourrait pousser un tout petit peu plus loin la dĂ©marche en devenant Ă©diteur de ces contenus (6), en particulier Ă©diteur numĂ©rique permettant de mettre Ă  disposition et de diffuser ces contenus. Surfant sur l’aura de confiance dans la diffusion de contenus validĂ©s, c’est tout Ă  fait logiquement qu’elles prolongeraient ce rĂŽle grĂące Ă  leurs compĂ©tences d’acquĂ©reuses et de mĂ©diatrices. Il y aurait en outre une complĂ©mentaritĂ© Ă©vidente entre la bibliothĂšque comme collection, magazine et Ă©diteur : les collections recevant les contenus Ă©ditĂ©s, le magazine renvoyant vers les collections et les contenus Ă©ditĂ©s, le magazine et les contenus Ă©ditĂ©s assurant la visibilitĂ© de la bibliothĂšque en-dehors de ces locaux (7).

La stratĂ©gie 360 degrĂ©s consiste Ă  endosser les diffĂ©rents rĂŽles autour des contenus : de la production Ă  la diffusion en passant par la promotion voire la distribution. De l’acquisition Ă  l’action culturelle en passant par le prĂȘt, les bibliothĂšques sont dĂ©jĂ  prĂ©sentes dans la distribution, la diffusion et la promotion non marchandes mĂȘme si elles doivent s’amĂ©liorer dans ce domaine comme nous l’avons indiquĂ© ci-dessus. L’espace Ă  conquĂ©rir est la partie production et Ă©dition des contenus. Les possibilitĂ©s et les facilitĂ©s du numĂ©rique nous ouvrent des perspectives dans ce domaine. Il s’agit soit de repĂ©rer et de labelliser un contenu existant soit de financer la crĂ©ation de contenu grĂące aux rĂ©sidences que certaines bibliothĂšques organisent dĂ©jĂ  puis d’en devenir le distributeur numĂ©rique.

Enfin, les bibliothĂšques doivent encore faire des efforts pour communiquer et ĂȘtre connues non seulement pour leurs collections et leurs bĂątiments mais aussi sur l’ensemble des services proposĂ©s. Chaque occasion doit ĂȘtre saisie pour se faire connaĂźtre, par exemple « Vous cherchez des idĂ©es originales pour faire du tricot, venez donc voir Ă  la bibliothĂšque ! Â» (8), « Vous cherchez des idĂ©es de cadeaux culturels, venez donc chercher conseil auprĂšs de votre bibliothĂ©caire. Â» (9), « Vous voulez apprendre les bases d’un traitement de texte, la bibliothĂšque peut vous aider Â», ou encore l’aide aux rĂ©visions du baccalaurĂ©at comme certains bibliothĂšques commencent Ă  le faire (10).

Cette dĂ©marche marketing peut aussi s’accompagner d’une prĂ©sence hors les murs plus affirmĂ©e : avoir un panneau d’affichage, une vitrine, une borne interactive ou toute autre idĂ©e dans les thĂ©Ăątres (11), les maisons de la culture, les salles de sport, les centres sociaux, les maisons des jeunes, les centres commerciaux, etc
 Dans le cadre des partenariats mis en place, nous pourrions faire insĂ©rer des articles dans les documents de communication de ces structures. Ces articles seraient bien sĂ»r en lien avec les contenus ou les services que la bibliothĂšque peut proposer au public recevant ces documents. Par ailleurs, pour les bibliothĂšques hors les murs, il serait judicieux de cesser de bricoler et d’offrir un espace attractif et attrayant comme aux Etats-Unis avec l’Uni Project (12). En lieu et place des caisses plastiques et de quelques tapis de sol, la mise en place de bancs et d’étagĂšres design permettrait non seulement d’attirer et de fidĂ©liser les publics de passage mais aussi de donner une image plus juste et plus positive de la bibliothĂšque. Les documents sont plus visibles disposĂ©s sur des rayonnages et la solution Uni Project permet aussi des projections de DVD.

Au final, l’objectif pour les bibliothĂšques serait que leur frĂ©quentation, sous toutes ses formes, devienne aussi addictive qu’une bonne sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e.

III. Fidéliser et conquérir différents publics

Les objectifs de cette stratĂ©gie Ă  360 degrĂ©s sont bien de fidĂ©liser les publics existants et d’en conquĂ©rir de nouveaux. Pour ce faire, il est nĂ©cessaire de multiplier les occasions oĂč la bibliothĂšque se rend visible en dehors de ses locaux et donc de multiplier les points de contact entre la bibliothĂšque et le public existant ou potentiel.

La plupart des propositions faites dans ce texte ne sont pas nouvelles en soi. Bien souvent ces actions ou ces services existent dĂ©jĂ . Il s’agit d’une part de mieux les coordonner et de mieux les mettre en synergie grĂące Ă  une vision globale, d’autre part d’oser les prolonger sur des terrains que les bibliothĂ©caires s’interdisent Ă  tort car ils ont la lĂ©gitimitĂ© et les compĂ©tences pour le faire. Enfin, cette dĂ©marche marketing est nĂ©cessaire afin de valoriser ces actions et services qui restent trop souvent mĂ©connus des publics et des dĂ©cideurs.

Force est de constater que des acteurs privĂ©s, comme par exemple Amazon qui prĂȘte des livres numĂ©riques dans le cadre de son programme Premium, n’hĂ©sitent plus Ă  venir occuper nos platebandes (13). Il semble naĂŻf et illusoire de se croire Ă  l’abri en se cantonnant Ă  nos missions traditionnelles. Devenir un mĂ©dia et un petit Ă©diteur sont des tactiques parmi d’autres pour assurer l’indĂ©pendance et l’avenir des bibliothĂšques dans un monde oĂč les frontiĂšres risquent de devenir de plus en plus floues et poreuses, ou du moins invisibles pour le public. En tant que service public dĂ©tachĂ© de toute exigence de rentabilitĂ©, la bibliothĂšque pourra rester un lieu indĂ©pendant pour informer, publier et ouvrir des horizons culturels.

La bibliothĂšque troisiĂšme lieu permet de crĂ©er une relation plus forte et plus pĂ©renne avec l’usager. Pour conforter cet acquis, la bibliothĂšque peut instaurer une interaction trĂšs rĂ©guliĂšre avec le public fidĂšle et Ă©largir celui-ci, grĂące Ă  une approche marketing globale et plus offensive concernant l’ensemble de ses actions et de ses services. Agir Ă  360 degrĂ©s pour agir dans toutes les directions mĂȘme les plus inattendues
 Pour paraphraser le mantra du Seigneur des anneaux: « Une stratĂ©gie pour gouverner tous les lecteurs. Une stratĂ©gie pour les trouver. Une stratĂ©gie pour les amener tous et dans les tĂ©nĂšbres les lier. »

 

1 Le kiosque Radio France : http://sites.radiofrance.fr/radiofrance/kiosque/ et le Prix du Livre Inter : http://www.franceinter.fr/evenement-prix-du-livre-inter-le-jury-et-la-selection

2 Voir les conférences enregristrées à Montpellier http://mediatheque.montpellier-agglo.com/EXPLOITATION/DEFAULT/conferences-en-ligne.aspx

3 L’enregistrement audio, le fameux podcast, se prĂȘte plus facilement Ă  une Ă©coute mobile et dĂ©calĂ©e. Il peut aussi ĂȘtre plus simple Ă  mettre en Ɠuvre techniquement et pour rĂ©aliser le montage.

4 Voir les expositions virtuelles de la BM de Limoges (http://www.bm-limoges.fr/expos_virtuelles.html) et Amandine Postec, Créer une exposition virtuelle en bibliotheque, enssib, 2013. (http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/62643-creer-une-exposition-virtuelle.pdf)

5 Topo pour Lyon (http://www.bm-lyon.fr/actualites/topo.htm) et Texto pour Rouen (http://bibliotheque.rouen.fr/repons/portal/bookmark?MainTab=CMSDoc&CMSDocTab=ShowChannelDoc&ShowDocChannel=grainsel/accueil&ShowDocXsl=&ShowChannelDocType=&GlobalTreeNode=DiscoverGrainDeSel&)

6 Concept que j’avais dĂ©jĂ  exposĂ© sur mon blog en 2010 : https://www.xaviergalaup.net/blog/2010/09/18/les-bibliotheques-comme-editeur-et-diffuseur-numerique-voire-plus/

7 Voir la synergie du magazine Books qui est aussi Ă©diteur : http://www.books.fr/

8 Des ateliers de tricot co-construits avec les usagers ont été proposés, suite à la demande du public, à la BibliothÚque Louise Michel du réseau de la ville de Paris.

9 Des idĂ©es cadeaux par la bibliothĂšque dĂ©partementale de la Manche http://biblio.manche.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=1085:des-idees-cadeau-pour-noel&catid=37:selections&Itemid=103 ; relayĂ© par une bibliothĂšque de son rĂ©seau http://mediathequepontorson.wordpress.com/2013/12/17/les-idees-cadeaux-de-la-bibliotheque-departementale-de-pret-de-la-manche/

10 La BPI a initiĂ© des ouvertures plus larges quelques semaines avant le baccalaurĂ©at, d’autres Ă©quipements s’en sont inspirĂ©s comme la bibliothĂšque centrale Ă  Mulhouse.

11 Voir le texte de Amaël Dumoulin et Jean-Luc Duval

12 http://www.theuniproject.org/

13 Il y a aussi des petites bibliothĂšques dans certains hĂŽtels ou dans certaines boutiques de luxe, voir mĂȘme l’opĂ©ration « satisfait ou remboursĂ© 30 jours Â» y compris pour les achats de livres de la chaine Cultura (qu’est-ce qui empĂȘche de lire un livre et de demander le remboursement ?)


L’élu, le dĂ©cideur et la bibliothĂ©caire sont des femmes comme les autres

Les Ă©lections municipales sont derriĂšre nous et les bureaux des intercommunalitĂ©s ont Ă©tĂ© constituĂ©s. Force est de constater qu’il y a eu cette annĂ©e beaucoup de renouvellement du cotĂ© des Ă©lus. Certains d’entre vous se retrouvent face Ă  une nouvelle Ă©quipe ou Ă  une Ă©quipe recomposĂ©e qui ne connaĂźt pas forcĂ©ment bien la bibliothĂšque et ses enjeux. Vous allez donc devoir faire oeuvre de pĂ©dagogie et apprivoiser les nouveaux Ă©diles. Ils ne sont d’ailleurs eux-mĂȘme pas toujours trĂšs Ă  l’aise.

Je ne peux que vous recommander le numéro BibliothÚque(s) consacré aux relations entre Bibliothécaires et décideurs (décembre 2013, pdf du sommaire), à lire ou relire. Le texte ci-dessous a été publié dans ce numéro et fait une petite synthÚse de son contenu.

L’élu, le dĂ©cideur et la bibliothĂ©caire sont des femmes comme les autres

Et si nous bibliothĂ©caires quittions dĂ©finitivement notre posture de CalimĂ©ro : Ă©lus, dĂ©cideurs, publics,
 personne ne m’aime et c’est trop injuste car je fais un mĂ©tier gĂ©nial et tellement important. Certes notre mĂ©tier est mal connu et nous avons dĂ» dĂ©fendre, tel le chevalier blanc, la technicitĂ© de notre mĂ©tier et la complexitĂ© Ă  organiser ou gĂ©rer une bibliothĂšque. C’était probablement nĂ©cessaire Ă  un moment donnĂ© pour « rendre visible l’invisible Â» comme le dit trĂšs bien Dominique Lahary. Mais aujourd’hui ce n’est plus tenable et nous voyons trĂšs bien que les lignes bougent en lisant les diffĂ©rents articles de ce dossier. Ainsi la dĂ©centralisation a permis aux collectivitĂ©s locales de s’emparer des certaines compĂ©tences comme la Lecture Publique. La LRU engage plus qu’avant le directeur du SCD Ă  expliquer et nĂ©gocier son budget vis Ă  vis de la prĂ©sidence et de la direction gĂ©nĂ©rale de l’universitĂ©. A Saint-Jean-De-Braye, une bibliothĂšque connaĂźt un creux et doit reprendre son destin en main en prenant en compte les points de vue de l’élu et de la direction gĂ©nĂ©ral. Dans les Yvelines, la crĂ©ation d’un rĂ©seau se fait sous l’impulsion des professionnels qui arrivent Ă  convaincre petit Ă  petit les Ă©lus. A Anzin, la mise en Ɠuvre d’un projet de service demande Ă  la mĂ©diathĂšque de faire preuve de pĂ©dagogie sur ses missions mais aussi de s’approprier la notion de transversalitĂ© dans son contexte.

A l’opposĂ© des exemples presque trop beaux de ce dossier, vous avez certainement en tĂȘte des projets contrariĂ©s, retardĂ©s ou annulĂ©s. En mĂȘme temps la bibliothĂšque n’est pas le centre de la politique de la collectivitĂ© ou de l’universitĂ© dans laquelle vous travaillez. Les Ă©lus et les dĂ©cideurs sont des femmes comme les autres, ils doivent jongler avec de nombreux paramĂštres dont la bibliothĂšque fait partie mais n’est pas forcĂ©ment leur tasse de thĂ© ou leur prioritĂ© du moment. De toute façon, aucune politique publique ne va de soi surtout en ces temps de crise financiĂšre oĂč chaque euro est censĂ© ĂȘtre utile. Regardons autour de nous en Europe oĂč des villes n’ont pas hĂ©sitĂ© Ă  rĂ©duire les services ou Ă  fermer purement et simplement la bibliothĂšque.

Tout comme nous nous efforçons de plus en plus Ă  entrer dans l’univers quotidien des citoyens grĂące Ă  des campagnes de communication, Ă  l’action culturelle, Ă  notre participation aux projets Ă©ducatifs de nos collectivitĂ©s, Ă  notre prĂ©sence en ligne, il est urgent et vital d’entrer davantage dans l’univers des dĂ©cideurs et des Ă©lus. L’enjeu est non seulement de se rendre intelligible pour eux mais aussi de prendre notre part et de s’intĂ©grer Ă  l’ensemble des enjeux ou des politiques qu’ils portent. Nous ne pouvons pas d’un cotĂ© nous plaindre que la bibliothĂšque est marginalisĂ©e et de l’autre rester bien isolĂ© dans notre tour d’ivoire.

Ne faisons pas d’angĂ©lisme, il y a des Ă©lus qui se moquent de la lecture publique et des dĂ©cideurs qui ne verront que les charges reprĂ©sentĂ©es par les Ă©quipements culturels. Dans tous les cas, il conviendra de toujours remettre sur le mĂ©tier nos arguments sur le rĂŽle de la bibliothĂšque au-delĂ  du champs culturel, sa participation Ă  l’éducation de tous et Ă  la cohĂ©sion sociale.

Ma vie avec les dĂ©cideurs et les Ă©lus : mode d’emploi

Il y a un premier paradoxe Ă  prendre en compte dans notre vie avec les dĂ©cideurs. Comme le dit si bien N. Larderet, nous devons nous garder d’un excĂšs de personnalisation : ma bibliothĂšque, mon Ă©quipe, mes lecteurs, mon DG, mes Ă©lus,
 Cependant comme la trĂšs grande majoritĂ© des activitĂ©s humaines, ce qui compte, ce qui donne la motivation, ce qui permet d’influer ou de faire fonctionner les structures, ce sont les relations humaines. Et c’est bien la qualitĂ© de la relation humaine qui permettra, peu ou prou, la prise en compte de la bibliothĂšque. MĂȘme si le coup de foudre est possible ou si les atomes crochus sont Ă©vidents, cette relation humaine avec les dĂ©cideurs se travaille au jour le jour dans l’implication que le bibliothĂ©caire aura vis Ă  vis des autres membres du trio.

Les Ă©cueils sont nombreux : une proximitĂ© trop forte avec l’élu Ă  la Culture qui se prend pour le Directeur des Affaires Culturelles (DAC), un Ă©lu plein de prĂ©jugĂ©s et inaccessible, un DAC ou un Directeur GĂ©nĂ©ral autoritaire qui fait barrage Ă  toutes vos demandes,
 Et surtout un espace-temps trĂšs diffĂ©rent, comme le fait remarquer Dominique Lahary, notamment le calendrier Ă©lectoral pas toujours en phase avec les projets que nous portons au nom des bienfaits de la lecture publique
 Les deux ont certainement raison mais c’est Ă  nous de saisir les occasions pour entrer dans l’espace temps de l’élu ou du dĂ©cideur sans s’interdire bien sĂ»r de faire inflĂ©chir ou de mettre son grain de sel Ă  la commande politique.

L’arrivĂ©e du numĂ©rique ou la bibliothĂšque 3Ăšme lieu font partie de nos prĂ©occupations pour l’avenir des bibliothĂšques dont nous avons la charge. Partageons-nous ces inquiĂ©tudes avec les Ă©lus et les dĂ©cideurs pour montrer non seulement que les bibliothĂšques bougent mais aussi pour, dans la relation, construire avec eux des solutions ? PlutĂŽt que l’illusoire sĂ©curitĂ© d’une tour d’ivoire, rendons des comptes et Ă©changeons nos points de vue pour se comprendre et trouver le chemin Ă  parcourir vers l’avenir de la bibliothĂšque en fonction des enjeux de chacun.

Dans la mesure oĂč les frontiĂšres entre les rĂŽles de chacun sont trĂšs poreuses, le fonctionnaire expert propose et l’élu dĂ©cide, il convient d’ĂȘtre agile et souple dans cet environnement tout en ayant toujours conscience de cette situation d’équilibriste et en restant vigilant sur la phase de prise de dĂ©cision qui revient forcĂ©ment aux dĂ©cideurs.

Potion anti-CalimĂ©ro (peut ĂȘtre consommĂ©e sans modĂ©ration):

  • quitter sa tour d’ivoire et sa carapace de spĂ©cialiste de la bibliothĂ©conomie

  • tisser des relations de confiance avec les dĂ©cideurs en Ă©valuant son activitĂ©, en rendant compte et en jouant son rĂŽle d’expert force de proposition dans son domaine

  • ĂȘtre attentif aux enjeux de sa collectivitĂ© pour s’y inscrire et participer Ă  chaque fois que c’est possible Ă  ses autres politiques. Et quand l’occasion de prĂ©sente, ĂȘtre soi-mĂȘme tĂȘte de file d’une politique transversale comme Ă  la BU d’Angers autour des archives ouvertes ou d’un pĂŽle audiovisuel.

  • se rendre visible et utile aux autres services de la collectivitĂ©.

La bibliothĂšque n’appartient pas aux bibliothĂ©caires ni aux dĂ©cideurs mais bien Ă  la collectivitĂ© dans laquelle elle s’inscrit. Le beau modĂšle bibliothĂ©conomique de la bibliothĂšque encyclopĂ©dique s’adressant Ă  un public virtuel n’a plus de sens. Plus que jamais la bibliothĂšque devra ĂȘtre une savante alchimie issue du contexte et du dialogue entre Ă©lus, dĂ©cideurs, bibliothĂ©caires et usagers.

Développer la médiation numérique dans un réseau de bibliothÚques existant

Plan
Plan d’action Photo CC de johanneslundberg http://www.flickr.com/photos/johanneslundberg/

Il y a quelques mois j’ai Ă©tĂ© amenĂ© Ă  proposer un plan d’action pour un poste de chef de projet « MĂ©diation numĂ©rique Â». Je compile ici les lignes de force qui sont susceptibles d’ĂȘtre rĂ©utilisĂ©es dans d’autres contextes.

Le plan d’action se dĂ©ploie sur 3 axes principaux qui pourront ĂȘtre modifiĂ©s et affinĂ©s avec un groupe projet.

1/ La médiation numérique

> Mise en place d’un groupe projet pour prĂ©ciser le contenu de la politique numĂ©rique, en assurer le suivi et la mise en Ɠuvre

Ce groupe de travail sera composĂ© de 5 Ă  10 personnes. Dans l’idĂ©al et sur la base du volontariat, les diffĂ©rents types de bibliothĂšques devraient ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s, le responsable informatique et les collĂšgues particuliĂšrement motivĂ©s par ce projet. Le groupe projet se rĂ©unira rĂ©guliĂšrement et utilisera des outils de gestion de projet numĂ©rique type Trello (https://trello.com/). Les membres de ce groupe de travail auraient pour vocation de convaincre et de former les autres collĂšgues.

  • RĂ©daction de la charte de dĂ©veloppement numĂ©rique
  • affiner les objectifs et le pĂ©rimĂštre de la politique numĂ©rique
  • rĂ©flexion et proposition sur les publics cibles qui pourront ĂȘtre diffĂ©rents selon les thĂ©matiques fortes Ă  dĂ©fendre : faire connaĂźtre le patrimoine Ă  un public jeune ? Valoriser telle action auprĂšs d’un public senior ?
  • rĂ©flexion sur la mise en Ɠuvre ou non d’une ou de plusieurs identitĂ©s numĂ©riques, c’est Ă  dire un ou des avatars destinĂ©s Ă  personnaliser l’institution sur les rĂ©seaux sociaux
  • lister les ressources et les moyens disponibles
  • Ă©laborer le budget des diffĂ©rentes actions envisagĂ©es
  • identifier et former les personnes relais dans les diffĂ©rentes bibliothĂšques
  • planifier la montĂ©e en charge des diffĂ©rents axes de dĂ©veloppement retenus
  • en fonction des possibilitĂ©s du logiciel de portail, passer en revue les CMS les plus connus et sĂ©lectionner celui qui pourrait ĂȘtre utilisĂ© en complĂ©ment pour la mise en ligne de contenus.
  • rĂ©daction d’une chaĂźne de production et de validation des contenus: calendrier de mise en ligne, circuit de validation, durĂ©e de visibilitĂ© selon les contenus avec archivage ou pas.
  • rĂ©flĂ©chir et proposer des axes et le contenu de la communication interne et externe
  • crĂ©ation et constitution de kits matĂ©riels pour la production de contenus autour des animations (kit podcast, kit vidĂ©o, kit photo) avec mode d’emploi
  • sĂ©lection des critĂšres d’évaluation sur les diffĂ©rents axes de la politique numĂ©rique.
  • validation successive de ses travaux par l’équipe de direction

 

Réflexion sur les outils de publication et de médiation en ligne

  • RĂ©flĂ©chir sur l’évolution du logiciel de portail.
  • Envisager la crĂ©ation d’un ou plusieurs sites satellites au portail d’une part pour pallier le cas Ă©chĂ©ant aux limitations de la version actuelle du logiciel de portail, d’autre part pour offrir des accĂšs moins institutionnels aux ressources ou aux actions des bibliothĂšques. L’utilisation de CMS standards comme Drupal permettra d’envisager l’intĂ©gration d’informations du portail dans le ou les sites satellites. Plusieurs sections dĂ©jĂ  actives sur le portail ou le secteur jeunesse pourraient par exemple disposer chacun d’un site propre pour valoriser leurs actions, faire de la mĂ©diation et crĂ©er de l’interaction avec leur public.

Mise en place d’un comitĂ© Ă©ditorial et d’une chaĂźne de validation des contenus

  • crĂ©ation d’un comitĂ© Ă©ditorial qui propose, planifie, suit, met en Ɠuvre la production de contenus en ligne et assure la prĂ©sence en ligne. Ce comitĂ© recoupera en partie le groupe projet numĂ©rique.
  • Ă©tablir une charte de rĂ©daction des contenus en ligne (longueur et mise en forme des textes, place de l’illustration et des contenus multimĂ©dias). AprĂšs validation en Ă©quipe de direction et pour son appropriation par les rĂ©dacteurs potentiels, ce document sera soumis Ă  commentaires et pourra Ă©voluer jusqu’à une version dĂ©finitive.

> Développer la culture numérique, formation et accompagnement des collÚgues

  • diffusion hebdomadaire d’une newslettre de veille sur le numĂ©rique, les actions numĂ©riques de la ville et dans la rĂ©gion, le monde culturel, les bibliothĂšques et le numĂ©rique, toutes informations dans ce domaine susceptibles de servir de source d’inspiration. Les informations seront stockĂ©es en ligne sur un outil de type Scoop.it. Par la suite cette veille comportera une dimension participative oĂč les collĂšgues pourront faire des suggestions.
  • si elle n’existe pas, rĂ©aliser une enquĂȘte sur le niveau d’information, de formation et d’attente des collĂšgues via un sondage.
  • organiser trois confĂ©rences par an sur des thĂšmes de l’actualitĂ© numĂ©rique (la lecture sociale Ă  l’ùre du numĂ©rique, qu’est-ce qu’un Fablab ?
) par des personnes extĂ©rieures (locales ou d’ailleurs) ou le chef de projet numĂ©rique.
  • rĂ©diger et diffuser des synthĂšses de lecture professionnelle, de journĂ©es d’étude ou de formations.
  • prĂ©voir un temps d’appropriation des outils numĂ©riques et un temps de prĂ©paration Ă  la mise en Ɠuvre avec prĂ©sentation, utilisation professionnelle, temps d’échange et d’évaluation.
  • Formation Ă  la rĂ©daction sur le web
  • Formation Ă  l’écriture de chroniques de documents
  • Formations aux outils logiciels ou aux matĂ©riels en fonction des choix effectuĂ©s tout au long des dĂ©veloppements de la politique numĂ©rique

 

> Développer la production de contenu en ligne et la médiation documentaire numérique

  • Encourager et dĂ©velopper la production de contenus autour de l’action culturelle : dossiers thĂ©matiques en ligne, reportages photos sur les ateliers, photos et petit compte-rendu sur une animation, petite vidĂ©o sur une animation, visite vidĂ©o d’une exposition, envisager les moyens de mettre en Ɠuvre une captation systĂ©matique des moments forts de l’action culturelle (cf. Ă  Toulouse, http://www.bibliotheque.toulouse.fr/Archives-conferences.html)
  • dĂ©multiplier la mĂ©diation documentaire numĂ©rique : inciter les bibliothĂ©caires et tous les collĂšgues intĂ©ressĂ©s Ă  rĂ©diger une chronique par mois sur des notices ou sur des ressources en ligne

MicroTournée
Photo CC By MD68

> Développer la communication et la présence en ligne

  • assurer une prĂ©sence en ligne sur les principaux rĂ©seaux sociaux : Facebook, Twitter et Google+ avec une publication minimum par jour.
  • A partir de la dĂ©finition de rubriques rĂ©currentes (par exemple : le livre de la semaine, la rĂ©trospective du mois, l’animation du jour, etc
) Tous les contenus produits y seront propulsĂ©s et quelques contenus Ă  dimension plus interactive seront produits spĂ©cifiquement pour ces rĂ©seaux, comme des petits jeux sous forme d’énigme ou de concours.
  • Mettre en place une ou plusieurs newslettres qui rĂ©capitulent l’ensemble des informations produites.
  • Pour certains contenus, des relais pourraient ĂȘtre trouvĂ©s sur le site de la ville et d’autres sites d’informations locales.

 

2/ Définir et développer les espaces de médiation numérique

AprĂšs un Ă©tat des lieux et en s’appuyant sur les actions en cours, il s’agira d’établir un petit cahier des charges des espaces de mĂ©diation numĂ©rique qui pourra s’adapter en fonction de la taille de l’établissement. Celui-ci sera souple et Ă©volutif dans un domaine ou les technologies changent vite.

Quelques bases pour ce cahier des charges :

  • Ă©lĂ©ments scĂ©nographiques pour matĂ©rialiser l’espace (banderoles ou tapis de sol personnalisĂ©s en fonction d’une charge graphique Ă  concevoir avec l’agence de communication Ligne A Suivre).
  • du matĂ©riel pour un usage sur place dont la quantitĂ© variera selon la taille de l’espace : des tablettes multimĂ©dias (iPad et d’autres sous Android), des tĂ©lĂ©phones mobiles grand format type Galaxy Note, des liseuses, des ordinateurs portables et des objets connectĂ©s ludiques type Karotz (lapin communiquant, http://store.karotz.com/fr_FR/).
  • Dans les grandes mĂ©diathĂšques, ces espaces pourront ĂȘtre dĂ©clinĂ©s dans une version jeunesse.
  • Les contenus : l’accĂšs Ă  des ressources numĂ©riques, des applications gĂ©nĂ©ralistes (rĂ©seaux sociaux, bureautiques, pratiques,
) et culturelles ainsi que des jeux.

Certaines bibliothĂšques petites ou moyennes ne pourront pas crĂ©er d’espace et ne pourront que prĂȘter du matĂ©riel et organiser des prĂ©sentations ou des animations sur place.

Outre les formations aux outils numĂ©riques, ces espaces pourraient ĂȘtre animĂ©s selon deux grands axes :

  • crĂ©neaux autour d’une thĂ©matique (exemples : les applications pour vos enfants, les jeux de sociĂ©tĂ© sur tablette, Facebook pour dĂ©butant, comment prĂ©parer ses vacances ? , crĂ©er un jeu vidĂ©o)
  • rendez-vous personnalisĂ©s avec l’animateur pour une durĂ©e de trente minutes Ă  une heure.

Un plan de communication sera aussi prĂ©parĂ© et mis en Ɠuvre aprĂšs une premiĂšre phase d’expĂ©rimentation des espaces numĂ©riques.

 

3/ Actions culturelles et développement des partenariats dans le domaine numérique

FablabRennes
photo de maltmann23 http://www.flickr.com/photos/maltman23/

 

L’objectif sera d’intĂ©grer de maniĂšre progressive des animations numĂ©riques dans le programme gĂ©nĂ©ral du rĂ©seau des mĂ©diathĂšques. Pour la saison 2013 – 2014, il s’agira d’inclure du numĂ©rique sur plusieurs moments forts existants et/ou de s’associer si possible avec un Ă©vĂšnement numĂ©rique de la ville. Quelques exemples d’actions culturelles: CrĂ©er une application pour enfant avec Olivier Douzou, Dessiner et bloguer au quotidien (Ma vie en patate de Martin Vidberg http://vidberg.blog.lemonde.fr/ ou Ma vie en BD http://blog.chabd.com/) ou autour de l’art numĂ©rique avec un acteur local. De maniĂšre stratĂ©gique, il sera aussi demandĂ© d’inclure du numĂ©rique dans des actions rĂ©currentes comme les comitĂ©s de lecture ou d’écoute, l’heure du conte ou les ateliers de dessin.

Par la suite, il pourra ĂȘtre envisagĂ© de crĂ©er un Ă©vĂšnement ponctuel ou rĂ©current autour du numĂ©rique. Afin de nouer des partenariats avec diffĂ©rents acteurs numĂ©riques de la ville et le monde universitaire, les mĂ©diathĂšques pourraient accueillir une sĂ©rie de confĂ©rences sur le thĂšme des Fablab. En accompagnement des confĂ©rences, une exposition d’objets fabriquĂ©s par le FabLab existant ou des dĂ©monstrations du fonctionnement des imprimantes 3D pourraient avoir lieu Ă  la mĂ©diathĂšque centrale.

Les espaces numĂ©riques pourraient aussi servir de laboratoires d’échange et d’expĂ©rimentation entre des usagers, des crĂ©ateurs et/ou des entreprises.

Comme tout le reste du blog, ce plan d’action est en Creative Commons et n’hĂ©sitez pas Ă  faire vos remarques ou Ă  complĂ©ter.

Pour un engagement politique des bibliothĂšques

(contribution au CongrĂšs ABF 2012: La BibliothĂšque, une affaire publique)

Panneau Danger
photo Joelk75 http://www.flickr.com/photos/75001512@N00/

Les rĂ©sultats du premier tour des Ă©lections prĂ©sidentielles 2012 confirment un enracinement et une diffusion gĂ©ographique du vote d’extrĂȘme droite. Il ne faut pas se voiler la face en prĂ©textant un vote protestataire, j’ai la conviction que nous sommes dans un vote d’adhĂ©sion aux discours simplistes et dĂ©magogiques.

Les mĂ©dias, en particulier la tĂ©lĂ©vision, survolent et schĂ©matisent beaucoup de sujets de sociĂ©tĂ©s importants. Les faits divers s’enchaĂźnent pour maintenir ce sentiment d’insĂ©curitĂ© si subjectif et si difficile Ă  contrer avec des arguments rationnels sur la baisse mathĂ©matique des crimes et des dĂ©lits violents
 Les difficultĂ©s et les peurs (emploi, dĂ©classement,
) liĂ©es Ă  la crise Ă©conomique font chercher des boucs Ă©missaires et facilitent l’adhĂ©sion Ă  des solutions caricaturales


Il me semble urgent et vital que les bibliothĂšques deviennent un lieu de parole et de dĂ©bat. Il s’agit de mettre en perspective un sujet politique, d’apporter avec pĂ©dagogie une profondeur de rĂ©flexion face au temps court des mĂ©dias et surtout de favoriser l’expression des idĂ©es de chacun mĂȘme si cela ne sera jamais simple Ă  gĂ©rer.

[auto-promo] Je voudrais Ă  ce sujet tĂ©moigner de la rĂ©ussite d’une animation de la MĂ©diathĂšque DĂ©partementale du Haut-Rhin organisĂ©e depuis 3 ans. Nous avons successivement abordĂ© la biodiversitĂ©, l’énergie et le sexe. DĂšs la premiĂšre Ă©dition l’écho a Ă©tĂ© important auprĂšs du public tant au niveau de la frĂ©quentation que des retours qualitatifs (satisfaction sur les informations et sur l’espace de dĂ©bat,
). La derniĂšre Ă©dition sur le sexe a pulvĂ©risĂ© tout nos records et l’écho dans la presse locale est positif et inattendu
 voir le bilan ici. Nous constatons aussi une fidĂ©litĂ© qui s’installe d’édition en Ă©dition et quelques personnes assistent Ă  plusieurs soirĂ©es d’une mĂȘme Ă©dition. “On vient Ă  diffĂ©rentes soirĂ©es car on sait que cela sera bien”
 [/auto-promo]

Il nous faut bien sĂ»r d’abord convaincre les directeurs gĂ©nĂ©raux et les Ă©lus d’aborder certaines questions. Il pourrait refuser par crainte de choquer des Ă©lecteurs potentiels. A nous d’ĂȘtre persuasif, convaincant et persĂ©vĂ©rant. L’idĂ©al serait de les associer au contenu et Ă  la manifestation elle-mĂȘme


Ensuite l’enjeu est de dĂ©passer le public habituel des bibliothĂšques, les CSP+, afin de semer une graine permettant de faire germer des doutes face au populisme. MĂȘme si tous les publics visĂ©s ne se dĂ©placent pas, un titre provocateur ou donnant un point de vue comme “Trop d’étrangers en France: vĂ©ritĂ© ou foutaise?” et des comptes-rendus bien fait dans la presse locale pourrait ĂȘtre une bonne stratĂ©gie. Pourquoi pas une synthĂšse de livres parus sur l’insĂ©curitĂ© dans le journal de notre collectivitĂ©? Il y a certainement d’autres idĂ©es Ă  partager dans ce domaine. LĂ  oĂč l’exercice sera difficile, c’est d’avoir un point de vue afin d’ouvrir le dĂ©bat mais de ne pas pouvoir ĂȘtre trop facilement taxĂ© d’une approche partisane


Mais il me semble bien qu’il n’y ait pas d’alternatives si nous voulons pouvoir nous regarder dans une glace dans 5 ans. Alors prenons des risques, ne nous contentons plus de consensuelles soirĂ©es littĂ©raires, contĂ©es ou d’ateliers scientifiques mais prenons Ă  bras le corps des sujets de sociĂ©tĂ© et osons le dĂ©bat car je suis persuadĂ© que les citoyens sont demandeurs. Apportons notre pierre Ă  l’édifice permettant d’instiller au moins le doute voire plus auprĂšs de ceux qui sont sĂ©duits par les idĂ©es d’extrĂȘme droite. Nous dĂ©fendrons ainsi les valeurs de la rĂ©publique, celles des services publics en somme


Développer la médiation documentaire numérique en bibliothÚques

couverture Développer la médiation documentaire numérique
couverture de la boite à outils: Développer la médiation documentaire numérique

J’ai le plaisir de vous annoncer la parution aux presses de l’Enssib d’un livre sur la mĂ©diation documentaire numĂ©rique. L’école m’a fait l’honneur de m’en confier la coordination et mĂȘme si ce ne fut pas une mince affaire, l’entreprise fĂ»t passionnante non seulement dans la rĂ©flexion sur son contenu mais aussi grĂące aux Ă©changes avec les diffĂ©rents auteurs sans compter la phase de relecture. J’en profite pour adresser un remerciement Ă  tous les contributeurs et je remercie tout particuliĂšrement Catherine Jackson, coordinatrice de la collection, avec qui la collaboration fĂ»t exemplaire. Cet ouvrage fĂ»t aussi l’occasion pour l’Enssib de retravailler sur ces contrats d’édition qui sont maintenant plus en phase avec les Ă©volutions numĂ©riques.

Dans le cadre ses 20 ans de l’école, ce livre donne aussi lieu Ă  une version numĂ©rique accessible ici librement en streaming. Vous pouvez commenter chaque article. En complĂ©ment de la version papier, vous y trouverez un entretien avec Michel Fingerhut Ă  propos des moyens de mĂ©diation numĂ©rique mis en oeuvre sur le portail de la musique contemporaine. Il est probable que chaque auteur publie aussi en ligne sur son site ou sur son blog sa propre contribution. Les 3 miennes seront mises en ligne progressivement sur ce blog.

Présentation

Depuis quelques annĂ©es les bibliothĂšques ne cessent de prendre place sur internet: catalogues en ligne, sites web devenant peu Ă  peu des portails de services, blogs et tous les avatars du web participatif ainsi que les rĂ©seaux sociaux. Si l’objectif est bien d’ĂȘtre prĂ©sent dans l’univers numĂ©rique des usagers existants ou potentiels, en revanche les bibliothĂšques doivent garder leur spĂ©cificitĂ© sous peine d’ĂȘtre noyĂ©es dans le flot gĂ©nĂ©ral. Il s’agit notamment de transposer en ligne la mĂ©diation documentaire, c’est Ă  dire tous les moyens que nous mettons en Ɠuvre pour favoriser la rencontre d’un lecteur avec les documents susceptibles de l’intĂ©resser ou de lui ouvrir de nouveaux horizons.

Cet ouvrage rĂ©unit une dizaine d’auteurs d’horizons divers (universitaire, bibliothĂ©caire et libraire) pour vous donner d’une part un cadre gĂ©nĂ©ral sur la mĂ©diation documentaire numĂ©rique et d’autre part des exemples destinĂ©s Ă  vous servir d’inspiration pour amĂ©liorer ou vous lancer dans ce domaine.

Sommaire

Partie I – Le pĂ©rimĂštre de la mĂ©diation numĂ©rique documentaire

-La mĂ©diation numĂ©rique dans le cadre d’une politique documentaire raisonnĂ©e : l’exemple de la MIOP, par JĂ©rĂŽme Pouchol
-Définition et enjeux de la médiation numérique documentaire, par Isabelle Fabre et Cécile GardiÚs
-La médiation documentaire numérique dans les musées: entre autonomie et prescription par Genevieve Vidal
-A propos de Bibliomab, une approche de la médiation documentaire numérique du patrimoine, par Léo Mabmacien
-MĂ©diation documentaire et les services de Q/R, Claire Nguyen

Partie II – Construire son projet de mĂ©diation numĂ©rique documentaire

– DĂ©finir son projet: 5 Ă©tapes incontournables, par Franck Queyraud
– Construire la mĂ©diation documentaire par les publics: les portails thĂ©matiques de l’InfothĂšque, par V. Mesguich
– ScĂ©nariser le catalogue et contextualiser les recherches : la librairie en ligne Bibliosurf, Par Bernard Strainchamps
– ElĂ©ments pour une Ă©valuation de la mĂ©diation documentaire numĂ©rique, X Galaup

Partie III – Se former et accompagner les Ă©quipes
-Inclure la mĂ©diation documentaire numĂ©rique dans le travail d’équipe, par Didier Desmottes
-Acquérir une culture numérique et utiliser les outils de médiation, par Thomas Chaimbault
-Concevoir et faire fonctionner un blog de bibliothùque : quelques pistes concrùtes à partir de l’exemple du Buboblog Perrine Helly
-CherMĂ©dia : l’agora des bibliothĂ©caires du Cher, par Christine Perrichon
-Le magazine en ligne des bibliothĂšques de Lyon : Points d’Actu !, une voix singuliĂšre  Bertrand Calenge

Partie IV – Interagir en ligne, produire des contenus, partager

-Silence on joue!: Le médiateur, les jeux vidéo et les ressources documentaires, par Julien Devriendt
-Les Coups de cƓur 2.0 de la MĂ©diathĂšque de QuimperlĂ©, par Pascal Thibault
-Exemple d’un netvibes thĂ©matique en mĂ©decine Marie-Gabrielle Chautard
-Mise en valeur d’un fonds patrimonial autour du centenaire de Jean Carbonnier (1908-2003), doyen de la FacultĂ© de droit de Paris, fondateur de la sociologie juridique / Noelle Balley et de SĂ©bastien Dalmon
-Utiliser les réseaux sociaux littéraires pour la médiation documentaire numérique, par Alexandre Lemaire
-Critiques de documents dans un catalogue participatif, par Philippe Diaz

MEMENTO, Par Xavier Galaup

Streaming musical des bibliothĂšques en Alsace

Notes de musique lumineuses sur fond noir
Music Note Bokeh (photo sous licence CC. By-nc-pa All that improbable Blue http://www.flickr.com/photos/allthatimprobableblue/)

Voici un an que UMMA (Univers Musical des MĂ©diathĂšques Alsaciennes), l’expĂ©rimentation du streaming musical en bibliothĂšques commençait en Alsace. Voir ici et ici les billets prĂ©cĂ©dents pour suivre le dĂ©roulement. Les deux BDP du Bas-Rhin et Haut-Rhin ouvraient en mai 2010 leur sous-domaine musicMe. Nous menons pendant ce mois de juin une enquĂȘte qualitative auprĂšs de 650 inscrits au service sur les deux plateformes. Cela fera l’objet d’un prochain billet dĂšs que celle-ci sera dĂ©pouillĂ©e.

La BM de Mulhouse a ouvert en mars 2011 son sous-domaine et dĂ©passait dĂ©but mai les 140 inscrits. Les MĂ©diathĂšques de la CommunautĂ© Urbaine de Strasbourg devraient ouvrir leur site de streaming d’ici septembre au plus tard.

Comme je l’annonçais dans un prĂ©cĂ©dent article l’expĂ©rience est trĂšs positive non seulement en terme de nombre d’inscrits mais de l’utilisation des sous-domaines par les usagers. Sur 45 000 Ă©coutes de mai Ă  dĂ©cembre 2010; le nombre d’écoutes intĂ©grales de morceaux est Ă  peine supĂ©rieur au nombre d’écoute des radios programmĂ©s par les bibliothĂ©caires musicaux. Ce qui prouve que quand on s’investit dans la mĂ©diation documentaire numĂ©rique l’internaute rĂ©pond prĂ©sent. En effet l’écoute de radios est d’autant plus forte qu’on les renouvelle trĂšs rĂ©guliĂšrement comme sur mediason67 avec une radio commune et une radio par bibliothĂšques chaque mois.

Selon les analyses de musicMe, les inscrits dans sous-domaine de bibliothĂšques restent plus longtemps Ă  Ă©couter de la musique que sur leur propre site tout public.

Nous avons pu constater des usages complĂ©mentaires de ceux prĂ©vus lors d’une rĂ©union du comitĂ© de suivi: de la diffusion de radios ou d’albums dans les locaux de la bibliothĂšque Ă  l’utilisation en formation en passant par la mĂ©diation informelle entre un bibliothĂ©caire et un usager Ă  la banque de prĂȘt. En outre la programmation de radio permet et oblige Ă  approfondir ses connaissances musicales quand on souhaite programmer 80 titres sur un thĂšme mais que tout ce que l’on connaĂźt n’est pas forcĂ©ment disponible sur musicMe.

La volontĂ© a Ă©mergĂ© aussi de rassembler en un endroit l’ensemble des radios rĂ©alisĂ©es sur trois sous-domaines, et bientĂŽt quatre. Une page Facebook, MusiK’heim, sera crĂ©Ă©e Ă  cet effet. Venez dĂ©couvrir et nous Ă©couter sans limite


Nous allons d’ailleurs ajouter une nouvelle brique expĂ©rimentale Ă  l’automne 2011 en proposant aux usagers inscrits de crĂ©er leur propre radio. Il s’agira de crĂ©er des radios festives qui seront mises en ligne en dĂ©cembre
 A suivre.

Enfin pour mettre en valeur les groupes locaux, nous avons dĂ©cidĂ© d’organiser un festival UMMA Ă  l’automne 2012 avec l’idĂ©e d’augmenter d’ici lĂ  la prĂ©sence de ces groupes sur nos plateformes afin de crĂ©er des Unes et de programmer des radios Ă  cette occasion.

Cette premiĂšre annĂ©e de fonctionnement et le dialogue permanent avec musicMe sur diffĂ©rentes hypothĂšses a permis de dĂ©gager un nouveau modĂšle Ă©conomique qui n’est plus celui du paiement pour chaque Ă©coute mais un modĂšle forfaitaire, c’est Ă  dire tout frais compris (abonnement, radios, Ă©coute illimitĂ©e, webservice pour intĂ©grer un player dans un catalogue ou un portail compatible), basĂ© sur le nombre d’inscrits Ă  la plateforme. Cette approche est en adĂ©quation avec les exigences des collectivitĂ©s locales puisqu’elle permet de prĂ©voir et de tenir un budget tout en tenant compte de la rĂ©alitĂ© des pratiques numĂ©riques constatĂ©es.

Dans cette perspective, l’ensemble des partenaires du projet UMMA sont dĂ©cidĂ©s Ă  continuer avec musicMe en 2012, sous rĂ©serve des incontournables procĂ©dures d’appel d’offre, aprĂšs la fin de la phase d’expĂ©rimentation.

Je dirais pour conclure que dans le dĂ©veloppement des ressources numĂ©riques les bibliothĂšques ont tout intĂ©rĂȘt Ă  avoir une approche pragmatique plutĂŽt que de vouloir Ă  priori imposer leur modĂšle d’acquisitions. Je me souviens trĂšs bien des rĂ©ticences et des critiques reçues dans ce domaine lors du lancement et de la pĂ©riode de conviction des bibliothĂ©caires. Je force le trait de ce que j’ai entendu ou de ce qu’on m’a Ă©crit « le paiement Ă  chaque Ă©coute est de la folie, si le service marche vous allez exploser le budget. C’est un saut dans le vide
 Â». Le jour oĂč la frĂ©quentation d’une ressource numĂ©rique en bibliothĂšque fera exploser la frĂ©quentation et donc ici le budget nous pourrons crier victoire
 L’attribution de la subvention par le MinistĂšre de la Culture a rassurĂ© l’ensemble des partenaires en rĂ©gion et nous a permis de continuer l’expĂ©rience Ă  une bonne Ă©chelle. De fait, l’intĂ©rĂȘt et la frĂ©quentation sont en rendez-vous avec une montĂ©e en puissance progressive. Cela a donnĂ© du temps pour nous et pour notre fournisseur d’affiner le modĂšle Ă©conomique.

 

Manifeste: la musique a toute sa place en bibliothĂšque

L’ACIM (Association pour la CoopĂ©ration des professionnels de l’Information Musicale) publie un texte rappelant les enjeux de la musique en bibliothĂšque. Celui-ci est reproduit sur diffĂ©rents blogs du groupe BibliothĂšques Hybrides de l’ABF:

Musique et mémoire (avec l'aimable autorisation de l'auteur du collage http://isartpostal.aminus3.com/image/2009-12-07.html)

Le dĂ©funt Conseil SupĂ©rieur des BibliothĂšques avait constatĂ© dans ses diffĂ©rents rapports que la place de la musique Ă©tait encore insuffisante dans les bibliothĂšques. Alors mĂȘme que cette situation perdure globalement, la musique en bibliothĂšque est aujourd’hui fragilisĂ©e par la baisse des prĂȘts, le dĂ©veloppement de l’écoute et du tĂ©lĂ©chargement en ligne. C’est ainsi que plusieurs nouvelles mĂ©diathĂšques ont ouvert rĂ©cemment sans prĂ©senter la totalitĂ© de la documentation musicale (livres, partitions, dvd et disques compacts) voire sans musique.

Ce choix nous semble une grave erreur car l’offre musicale en bibliothĂšque ne saurait se rĂ©sumer Ă  une borne de tĂ©lĂ©chargement ou Ă  une ressource en ligne. Si la place du support CD pourrait ĂȘtre amenĂ©e Ă  se rĂ©duire Ă  moyen terme, sa prĂ©sence reste pour l’instant la meilleure maniĂšre de matĂ©rialiser dans nos locaux une offre musicale hybride, c’est Ă  dire mĂ©langeant collections physiques et collections dĂ©matĂ©rialisĂ©es.

Renoncer Ă  la musique en bibliothĂšque reviendrait Ă  l’abandonner aux acteurs du secteur marchand qui n’ont pas le souci de la diversitĂ© et de la pĂ©rennitĂ© des Ɠuvres musicales. Tout n’est pas sur le net et tout n’y est pas visible. MalgrĂ© son apparente abondance (plus de 7 Ă  8 millions de titres annoncĂ©s sur des plateformes de streaming), l’offre de musique en ligne reste lacunaire dĂšs lors que l’on sort des musiques de consommation courante.

La musique reprĂ©sente une pratique culturelle majeure dans nos sociĂ©tĂ©s au mĂȘme titre que la littĂ©rature ou le cinĂ©ma. Or les pratiques culturelles ne sont pas Ă©tanches. Renoncer Ă  la musique en bibliothĂšque risquerait aussi, en supprimant des passerelles entre elles, de remettre en cause, pour un public Ă©clectique, l’intĂ©rĂȘt pour les collections de littĂ©rature et de cinĂ©ma.

Rappelons Ă  ce propos l’article 7 de la Charte des bibliothĂšques qui stipule que : « Les collections des bibliothĂšques des collectivitĂ©s publiques doivent ĂȘtre reprĂ©sentatives, chacune Ă  son niveau ou dans sa spĂ©cialitĂ©, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions Ă©ditoriales. Â»

Enfin il nous semble important que les mĂ©diathĂšques continuent de jouer un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans le dĂ©veloppement de la culture musicale Ă  l’aide d’une offre documentaire large mais aussi de concerts et d’animations sous quelque forme que ce soit (confĂ©rences, ateliers de crĂ©ations musicales, etc.). Dans certains territoires, la mĂ©diathĂšque est le seul point d’accĂšs non marchand Ă  la musique.

En accompagnant ces nouvelles pratiques, les bibliothĂšques ont un rĂŽle important Ă  jouer dans le domaine de l’éducation et la culture musicale du public, notamment pour les nouvelles gĂ©nĂ©rations.

A diffuser et débattre largement.

Les mutations vĂ©cues par la musique tant dans sa production que dans sa diffusion via internet concernant maintenant l’ensemble des secteurs documentaires en bibliothĂšque. PlutĂŽt que de cĂ©der Ă  la tentation de faire disparaĂźtre la musique en bibliothĂšque, rĂ©flĂ©chissons ensemble pour inventer la mĂ©diathĂšque de demain.

Quelques Ă©chos hors de la sphĂšre des bibliothĂšques sur le site PC Inpact (Merci Ă  Nil Sanyas):

Vers la fin de la musique dans les bibliothĂšques ?

« la place du CD est remise en cause Â» en mĂ©diathĂšque