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Reçu avant avant-hier

Notre sélection de jeux à jouer depuis chez soi

Pour compenser l’annulation de l’après-midi jeux prévue dans le cadre de la Nuit de la lecture, nous avons sélectionné quelques jeux : jeux de société en ligne, jeux à imprimer ou escape game à faire depuis son canapé.

Jeux de société en ligne

Le Codenames, ce jeu de langage et de déduction dans lequel s’affrontent deux équipes, a sa version en ligne

Dans Gartic Phone, mélange de Pictionary et de téléphone arabe, jouez avec des inconnus ou invitez vos amis, écrivez une phrase et passez-la au joueur suivant qui essaiera de la dessiner.

Si vous avez une tablette ou un smartphone sous la main, essayez les puzzle games poétiques et arty Cube Escape, développés par Rusty Lake et disponibles sur iOS et Android. Petit bonus : Paradox, le court métrage de Rusty Lake pour se mettre dans l’ambiance !

Fans d’escape games ? Essayez de résoudre en ligne toutes les énigmes du Coffret confiné, une création d’Ambre Lainé et Oscar Barda.

Jeux en Print & Play

Téléchargez et imprimez des jeux ! Les enfants vont adorer le jeu de l’oie Akissi, l’héroïne de Marguerite Abouet, ou Combo Color, un jeu avec une carte avec des cases à colorier.

Nous vous avons aussi concocté un Time’s Up “Personnalités et oeuvres”, vous n’avez plus qu’à imprimer la règle et les mots à trouver, et vous lancer dans le jeu ! 

Pour les adultes, Pandemic Zone Rouge, une variante de Pandemic en anglais, qui oppose les joueurs à trois virus, pour des parties courtes et rythmées.

Enfin, un party game coopératif sympa, Top Ten, le principe est simple : après avoir distribué une carte numérotée de 1 à 10 à chaque joueur, le “Cap’ten” lit à voix haute une carte thème comme “Vous n’avez pas de masque pour sortir ! Par quoi le remplacez-vous ? Du moins efficace au plus efficace.”  Une fois que tout le monde a répondu le “Cap’ten” trie les réponses dans le bon ordre, puis tout le monde rigole, hahaha, qu’il est drôle ce jeu, ça fait longtemps que j’ai pas ri comme ça.

 

 

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Découvrir | Curieux et connectés ? Faites le plein d’idées pour vos enfants !

Les médiathèques de Villeurbanne ont fermé leurs portes pendant la période de confinement, du 17 mars au 11 mai 2020. Durant ces semaines de fermeture au public, les équipes se sont mobilisées pour vous accompagner et vous proposer un large choix de ressources en ligne, destinées aux enfant et aux ados, depuis la page Facebook des médiathèques.

Retrouvez toutes ces ressources compilées et plein d’idées pour découvrir, apprendre et s’amuser, depuis la maison :

♦ Curieux et connectés ! #1
♦ Curieux et connectés ! #2
♦ Curieux et connectés ! #3
♦ Curieux et connectés, spécial ADOS !

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COMMENT PASTEURISER L’APPAREIL RESPIRATOIRE ? Ou conception d’un nouveau type d’appareil respiratoire

23 avril 2020 à 10:12

Objectif Prévenir, soigner les maladies respiratoires à virus, à ses débuts, en attendant la découverte d’un médicament ou d’un vaccin Expérimentations Personnelles Ingénieur de formation, j’ai créé mon entreprise et j’ai  consacré l’une de mes activités à l’e-santé, activité lauréate de plusieurs prix. **Je suis, de ce fait, habitué à étudier des sujets qui semblent [...]

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Des tablettes pour rompre l’isolement en Ehpad

Les médiathèques de Villeurbanne ont mis en place un service d’appel vidéo pour les familles et les résidents des deux Ehpad municipaux.

Bien avant la crise du Covid-19, les équipes des structures Henri Vincenot et Camille Claudel avaient déjà en tête d’offrir cette possibilité. Mais, pris par les urgences du quotidien, l’absence de matériel et de compétences spécifiques, le projet restait en suspens…

De leur côté, les médiathèques travaillent tout au long de l’année à favoriser la culture digitale et à diminuer la fracture numérique, à travers ses espaces multimédia et ses offres de formation ou d’ateliers.

Un heureux hasard a fait que la rencontre a eu lieu ! Équipes soignantes, agents d’accueil, animateurs, bibliothécaires et informaticiens ont travaillé main dans la main, mais à distance : prêt du matériel, formation des équipes, assistance technique auprès des familles…

Le succès a été immédiat avec les familles : plus d’une vingtaine d’appels, deux jours après le lancement. Force est de constater que certains résidents sont très éloignés de leurs proches, au-delà même des restrictions actuelles. En effet, leurs enfants ou petits-enfants, se trouvent parfois à l’autre bout de la France, dans un autre pays voire un autre continent, comme c’est le cas du fils d’une résidente qui vit en Australie !

Si ce projet s’est concrétisé dans les circonstances exceptionnelles du confinement, il est voué à continuer par la suite.

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Jouer en ligne | Challenge Minecraft : une virée ludique et créative dans Villeurbanne

Se balader en ville sans sortir de chez soi ? C’est possible, grâce au jeu vidéo Minecraft !

Les médiathèques de Villeurbanne ont décidé de partager avec vous une reconstitution de la ville à parcourir virtuellement. Vous y retrouverez de nombreux bâtiments emblématiques de Villeurbanne. Plusieurs édifices clés ont déjà été reconstruits, comme l’Hôtel de Ville, le Palais du travail, l’église de la Nativité, ou encore les immeubles des Gratte-ciel. Mais beaucoup d’autres sont encore en chantier… Vous vous sentez l’âme d’un bâtisseur ? L’exploration urbaine vous tente ? Alors, suivez le guide et lancez-vous !

Installer et configurer Minecraft

Si vous ne possédez pas le jeu Minecraft sur PC (Windows), vous devez  l’installer. Vous le trouvez en téléchargement

  • depuis cette adresse si vous disposez déjà d’une licence
  • ou depuis celle-ci pour l’achat d’une licence payante.

Une fois téléchargé, installez le jeu sur votre ordinateur en suivant les premières étapes de notre guide vidéo

Pour des raisons de compatibilité, vous devrez configurer Minecraft en choisissant la version 1.12.2 du jeu.

Télécharger la carte de Villeurbanne

La carte de Villeurbanne a été générée automatiquement à partir de données géographiques, puis améliorée de manière collaborative lors d’ateliers dans les médiathèques.

 

 

Téléchargez-la depuis cette adresse (environ 12 min de téléchargement). Une fois l’archive ZIP téléchargée, procédez à l’extraction du dossier “MINECRAFT CHALLENGE 2020” en le faisant glisser vers l’emplacement de sauvegardes du jeu :

C:\Users\NOM_DE_VOTRE_SESSION\AppData\Roaming\.minecraft\saves

ATTENTION : remplacez « NOM_DE_VOTRE_SESSION » par… le nom de votre session !

Il ne vous reste plus qu’à lancer le jeu depuis votre bureau (n’oubliez pas : en version 1.12.2 !), choisir le mode « Solo », sélectionner la carte “MINECRAFT CHALLENGE 2020” et cliquer sur “Jouer dans ce monde”.

Prêts à jouer ? C’est parti !

Naviguer dans la ville et construire

La carte reproduit intégralement la superficie de Villeurbanne, et disons-le : c’est immense ! Pour ne pas vous perdre, nous vous conseillons de partir d’un point que vous connaissez et de vous déplacer en suivant les rues de la ville.

 

Pour vous y aider, nous avons repéré les coordonnées de quelques lieux. Utilisez la commande /TP pour vous y téléporter. Pour cela, tapez sur votre clavier “/tp” suivi de l’une de ces lignes de chiffres (en respectant les espaces et les signes “moins”) :

  • -720 70 -80 (quartier des Gratte-ciel)
  • 120 70 630 (Place Grandclément et église de la Nativité)
  • -400 70 880 (Collège Jean-Jaurès)
  • -1130 60 -564 (Cinéma le Zola)
  • -400 70 640 (Le Rize)

Bien téléportés ? Vous avez maintenant carte blanche ! Promenez-vous, détruisez et reconstruisez les bâtiments selon vos goûts. Mais surtout, défiez vos amis et partagez vos réalisations sur la page Facebook des médiathèques de Villeurbanne.

Si vous ne maîtrisez pas les commandes du jeu (se déplacer, détruire, construire, choisir des matériaux, etc.), de nombreux sites vous permettront d’apprendre :

Vous manquez d’idées ? Pourquoi ne pas reconstruire le bâtiment du cinéma Le Zola, l’équiper de sièges, d’écrans et de projecteurs pour vous offrir une séance malgré le confinement ?!

Encore en mal d’inspirations ? Visitez le site du Rize+ : sa carte interactive et ses documents d’archives vous aideront à construire tout en redécouvrant l’histoire de Villeurbanne !

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Ni complot, ni châtiment : penser la crise du coronavirus au-delà du dualisme

Par :calimaq
31 mars 2020 à 18:52

Ce billet va faire suite à un premier que j’ai publié la semaine dernière à propos de la crise du coronavirus, dans lequel j’ai essayé de mettre en perspective cet événement en l’interprétant à l’aune de la remise en question de la séparation entre Nature et Culture, dans le sillage d’auteurs comme Bruno Latour, Philippe Descola, Isabelle Stengers, Anna Tsing ou Donna Haraway.

Depuis le début du confinement, il y a quinze jours, les réactions se sont multipliées et je suis assez frappé de voir à quel point de nombreux points de vue qui s’expriment restent comme « prisonniers » du paradigme dualiste, conduisant souvent à des visions caricaturales et/ou problématiques.

Complot humain…

Prenons pour commencer les résultats d’un sondage qui ont beaucoup tourné ces derniers jours, selon lesquels plus d’un quart des français penseraient que le coronavirus a été créé en laboratoire (plus exactement, 17% estiment qu’il a été développé intentionnellement et 9% par accident). Il est assez logique qu’un événement dramatique comme la crise du coronavirus avive les tendances complotistes déjà largement présentes dans la population. Mais ce penchant à croire dans un scénario « à la X-Files » me paraît aussi typiquement une manifestation du paradigme de la séparation entre Nature et Culture, que l’on pourrait nommer « artificialisme » ou « créationnisme ». Il procède non seulement du dualisme, mais aussi d’une hiérarchisation entre Nature et Culture, qui place la seconde au-dessus de la première.

Une caricature parue dans Jeune Afrique.

Au prisme de cette ontologie, le coronavirus devient un « artefact », parce que les éléments naturels sont censés rester un « environnement », c’est-à-dire quelque chose d’extérieur à la sphère humaine et sociale. Si notre société est bouleversé par un phénomène, alors celui-ci ne peut être un simple virus : il faut qu’il ait été créé par des humains, puisque les choses humaines sont affectées seulement par d’autres choses humaines. La croyance complotiste en une création du virus en laboratoire agit donc comme ce que Bruno Latour appelle « un processus de purification », qui rétablit la distinction entre Nature et Culture lorsque celle-ci menace d’être brouillée. En un sens, on est face à la même logique que celle du climatoscepticisme niant l’implication des activités humaines dans le réchauffement climatique et il n’est pas étonnant que Donald Trump, pape mondial du climatoscepticisme, ait d’abord fait courir le bruit que le coronavirus était une « fake news » des Démocrates destinée à perturber les élections présidentielles…

On est ici un peu dans le même genre de délire « créationniste » que celui dans lequel Ridley Scott est tombé dans son préquel à Alien (Prometheus/Covenant), qui l’a poussé à imaginer que sa mythique créature – dont toute l’aura tenait au mystère de ses origines -, avait en réalité été produite comme une expérience par un androïde, lui-même construit par un milliardaire fou…

Châtiment naturel

A l’inverse, je vais citer un autre type de réactions, se raccrochant également selon moi au paradigme dualiste, mais qui constitue le reflet inversé de « l’artificialisme », hiérarchisant cette fois la Nature au-dessus de la Culture tout en maintenant la distinction. Caractéristique de cette veine, Nicolas Hulot a été interviewé ces derniers jours à propos de la pandémie et il a déclaré à ce sujet : « Je crois que nous recevons une sorte d’ultimatum de la Nature« .

Je veux rester rationnel, mais je pense que la Nature nous envoie un message. Elle nous teste sur notre détermination. Quand je parle d’un ultimatum, je pense que c’est un ultimatum au sens propre comme au sens figuré. On a eu beaucoup de signaux, mais tant que nous n’avons pas le danger palpable, on ajourne, on reporte.

Vous noterez que Nicolas Hulot commence cette tirade un brin étrange en disant « Je veux rester rationnel », pour poursuivre en présentant le virus comme un messager envoyé par « La Nature » qui nous mettrait à l’épreuve en nous sommant – une dernière fois – de changer nos comportements. Il y a évidemment de la figure de style et de la métaphore employée ici pour frapper les esprits lors d’un passage au JT. Mais à mon sens, pas seulement.

Là où le complotisme réduit le coronavirus à un artefact humain, nous avons ici un « naturalisme » qui érige la Nature en une entité anthropomorphisée et dotée d’intentions. Le complot humain de la thèse précédente fait ici place à une sorte de « complot non-humain » et, une nouvelle fois, l’effet symbolique produit est celui de rétablir la grande séparation entre Nature et Culture. C’est une impasse dans laquelle une certaine écologie – disons-là « environnementaliste » – s’est souvent perdue et il n’est pas très étonnant de voir Nicolas Hulot s’illustrer dans ce registre…

On trouve d’autres manifestations encore plus caricaturales de cette rémanence du « Grand Partage », même chez des militants écologistes pourtant souvent présentés comme les plus radicaux. Pablo Servigne, connu pour avoir popularisé en France les thèses sur l’effondrement et la collapsologie, a publié, il y a quelques jours, une sorte de « fable » qui a beaucoup fait réagir sur les réseaux. Elle met en scène un dialogue où le coronavirus, présenté comme un personnage, se rend auprès de « l’Univers » pour le questionner et lui demander pourquoi il l’a envoyé aux humains.

Le statut Facebook de Paolo Servigne sur le #Coronavirus est l'illustration caricaturale de ce @Gemenne et quelques autres craignaient à propos des conséquences de la pandémie sur la sensibilisation à la cause écologiste… pic.twitter.com/vEtRamLlTM

— Setni Baro (@Baro75020) March 26, 2020

Corona : tu es dur Univers, tu aurais pu alerter avant de taper aussi fort…

Univers : mais corona, avant toi j’ai envoyé plein d’autres petits … mais justement c’était trop localisé et pas assez fort…

Corona : tu es sûr que les hommes vont comprendre cette fois alors ?

Univers : je ne sais pas corona… je l’espère… mère terre est en danger… si cela ne suffit pas, je ferai tout pour la sauver, il y a d’autres petits qui attendent … mais j’ai confiance en toi Corona… et puis les effets se feront vite sentir … tu verras la pollution diminuera et ça fera réfléchir, les hommes sont très intelligents, j’ai aussi confiance en leur potentiel d’éveil… en leur potentiel de création de nouveaux possibles … ils verront que la pollution aura chuté de manière exceptionnelle, que les risques de pénurie sont réels à force d’avoir trop délocalisé, que le vrai luxe ce n’est plus l’argent mais le temps… il faut un burn out mondial petit car l’humanité n’en peut plus de ce système mais est trop dans l’engrenage pour en prendre conscience… à toi de jouer…

Univers : merci Univers… alors j’y vais …

Dans cette vision, le coronavirus n’est plus seulement un signe ou un message (ultimatum) que la Nature nous envoie, il devient une forme de « châtiment naturel », calqué sur un châtiment divin. Certes, on est ici à nouveau devant une figure de style – la prosopopée – dont l’emploi est immémorial. Mais cette anthropomorphisation de l’Univers et du Virus me paraît tout sauf innocente, car elle reste profondément tributaire du paradigme de la séparation entre Nature et Culture. Que l’on soit dans la thèse de l’artefact humain ou du châtiment naturel, on stagne en définitive d’un côté ou de l’autre du Grand Partage, mais jamais on ne le dépasse pour essayer de penser l’événement au-delà.

Penser les réseaux hybrides

Pablo Servigne mentionne dans son post la « Terre Mère » qui serait en danger, référence à la Pachamama des populations autochtones dans les Andes, qui sert à personnifier la Nature. Mais la réception qu’il fait dans son post du concept est complètement déformée par le prisme dualiste, car pour les peuples andins, la Pachamama est au contraire la représentation de l’idée d’une inséparabilité fondamentale entre Humains et Non-Humains, formant ce que Bruno Latour appelle des « collectifs hybrides ». Voyez par exemple cet article qui montre que la Pachamama n’a rien à voir avec ce que les Modernes appellent « Nature » : :

Le concept andin de communauté se distingue lui-même de l’acception occidentale. Alors que la communauté est appréhendée en Occident comme une catégorie sociale, qui figure un groupe de personnes ayant des relations étroites les unes avec les autres, ou encore qui se sentent liées à un même territoire, la conception andine est bien plus vaste. Elle englobe en effet les personnes, mais aussi les êtres vivants non humains, tels que les animaux ou les plantes, ainsi que certains éléments non vivants, en particulier les monts et montagnes ou encore les esprits des défunts. Ces communautés sont en outre propres à un territoire donné, qui les définit et auquel il est accordé des attributs spécifiques. Ainsi, les conceptions originelles de la Pacha Mama permettent de la représenter comme une manière de se penser comme faisant partie d’une vaste communauté sociale et écologique, elle-même insérée dans un contexte environnemental et territorial. La Pacha Mama n’est donc pas un simple synonyme, ou une idée analogue à la conception occidentale de la nature : il s’agit d’une vision plus ample et plus complexe.

Dans mon billet précédent, j’avais inséré comme illustration ce schéma, tiré du livre « Nous n’avons jamais été modernes » de Bruno Latour, qui représente la séparation entre Nature et Culture, et ce qui lui est opposé, à savoir le réseau des relations entre humains et Non-Humains, formant des « réseaux hybrides » :

Penser la crise du coronavirus au-delà de la séparation entre Nature et Culture, c’est se donner la possibilité de sortir des deux thèses absurdes (et jumelles) du complot et du châtiment, pour arriver à se situer dans la partie inférieure du schéma, c’est-à-dire dans ce que Donna Haraway appelle les « enchevêtrements » (entanglements).

Parce que nous sommes immergés dans l’ontologiste dualiste qui a forgé notre conception du monde, il nous est très difficile de nous tenir mentalement dans cette zone des enchevêtrements et le dualisme finit souvent par nous rattraper même quand nous essayons d’en sortir. J’en ai eu une preuve intéressante dimanche soir en écoutant « Les Informés » de France Info, dont les éditorialistes commentaient la disparition de Patrick Devedjian, emporté ce week-end par le coronavirus. L’un des invités expliquait que pour lui, cette mort d’un homme politique démontrait que le virus n’avait pas la carte d’un parti politique en particulier et qu’il pouvait frapper à gauche comme à droite toutes les classes de la société, personne ne pouvant se dire à l’abri.

Cela peut paraître juste lorsqu’on considère un cas isolemment, mais c’est en réalité faux statistiquement car, comme toujours, la létalité du virus va jouer à travers des facteurs économiques et sociaux. Les couches les plus pauvres et les travailleurs précaires sont déjà ceux qui sont les plus exposés au risque de la contamination et ce déséquilibre va être encore accentué dans un pays comme les États-Unis où les inégalités d’accès au système de santé vont avoir un effet amplificateur dramatique. Sans parler des pays les plus défavorisés, notamment en Afrique ou en Inde, où le coronavirus risque de constituer un fléau terrible vu les conditions de vie des populations les plus pauvres.

Il est donc tout à fait faux d’affirmer que le coronavirus ignorerait les classes sociales. Ce qui tue, ce n’est pas le virus lui-même, mais précisément un « enchevêtrement » ou une « association » dans lequel ce Non-Humain se lie à des facteurs humains, comme les niveaux d’inégalité sociale.

Redistribuer l’agentivité

Pour penser ces « associations » ou « agencements », nous disposons de certains outils et concepts, notamment ceux forgés dans le sillage de Madeleine Akrich, Bruno Latour et Michel Callon par la sociologie de la traduction et la théorie de l’acteur-réseau. Son but est précisément de faire de la sociologie en dépassant la séparation entre Nature et Culture pour se donner la possibilité de penser des « collectifs hybrides » en tant qu’acteurs :

Le social est appréhendé comme étant un effet causé par les interactions successives d’actants hétérogènes, c’est-à-dire de l’acteur-réseau. Tout acteur est un réseau et inversement. L’action d’une entité du réseau entraîne la modification de ce dernier ; toute action impliquant l’ensemble du réseau a une incidence sur les composantes du réseau

La pensée dualiste partage le monde entre des sujets, toujours humains, et des non-humains, toujours objets. Les premiers sont les seuls regardés comme des « acteurs », c’est-à-dire à être dotés d’une puissance d’agir. Dans cette perspective, les Non-Humains restent passifs et forment comme un décor de théâtre, extérieur à la situation que seules des actions humaines font avancer. C’est la raison pour laquelle, lorsque des Non-Humains font irruption sur la scène sociale (où ils ne sont pas censés apparaître) – comme le fait actuellement le coronavirus -, la tendance est de les dépeindre caricaturalement comme des sujets anthropomorphisé doués d’intentions (ce que fait Servigne dans sa Fable) ou de les présenter comme des artefacts produits par des humains (comme le pensent les complotistes). Dans les deux cas, ces visions traduisent une incapacité à considérer que l' »acteur », c’est toujours un agencement d’Humains et de Non-humains, au sens d’une combinaison de puissances d’agir.

Sur le média AOC, Bruno Latour a publié un court texte excellent, dans lequel il dresse en quelques lignes le portrait du collectif hybride agissant qui s’est enchevêtré à la faveur de la crise du coronavirus et qui constitue un acteur-réseau :

[…] il n’y a pas que les multinationales ou les accords commerciaux ou internet ou les tour operators pour globaliser la planète : chaque entité de cette même planète possède une façon bien à elle d’accrocher ensemble les autres éléments qui composent, à un moment donné, le collectif. Cela est vrai du CO2 qui réchauffe l’atmosphère globale par sa diffusion dans l’air ; des oiseaux migrateurs qui transportent de nouvelles formes de grippe ; mais cela est vrai aussi, nous le réapprenons douloureusement, du coronavirus dont la capacité à relier « tous les humains » passe par le truchement apparemment inoffensif de nos divers crachotis. A globalisateur, globalisateur et demi : question de resocialiser des milliards d’humains, les microbes se posent un peu là !

Arriver à tenir cette ligne, au-delà du dualisme, est très difficile et nous sommes constamment confrontés au risque d’y retomber. Dans Les Echos par exemple, Inès Leonarduzzi, PDG de « Digital for the Planet » (tout un programme…), publie une tribune intitulée « Coronavirus : les pangolins n’y sont pour rien« , dans laquelle elle souligne les responsabilités humaines dans le drame qui est en train de se dérouler. Elle explique notamment comment la déforestation des habitats naturels pousse des animaux à entrer en contact avec des humains, avec un risque accru de transmission de maladies infectieuses.

Si l’on en croît les scientifiques, c’est parfaitement vrai, mais pour autant, les pangolins et les chauve-souris n’y sont pas « pour rien » : ces animaux ont été des acteurs à part entière de la situation et la décrire correctement, c’est aussi leur restituer leur rôle « d’actants » ou « d’animés », qualité que Bruno Latour reconnaît à tous les « Terrestres ». Pointer les responsabilités humaines est bien entendu crucial, mais à condition de ne pas tomber dans des processus de purification qui re-séparent bien proprement les Humains des Non-humains. Dans une situation comme celle-ci, nous avons besoin de penser les enchevêtrements, ce qui implique de parvenir à « distribuer l’agentivité », de part et d’autre de la distinction.

Déchirure du réel

Dans son ouvrage « La Pensée Écologique », le philosophe Timothy Morton emploie une image intéressante pour donner à voir ce que serait une sortie de l’ontologie dualiste pour aller vers son opposé, à savoir une ontologie relationnelle. Il parle à ce sujet du « Maillage » (The Mesh), c’est-à-dire du réseau infini des relations unissant tous les êtres les uns aux autres, en soulignant qu’il est particulièrement dérangeant pour l’esprit de l’appréhender :

Le maillage consiste en des connexions infinies (…). Chaque être du maillage interagit avec les autres. Le maillage n’est pas statique. Nous ne pouvons arbitrairement qualifier telle ou telle chose de peu pertinente. S’il n’y a pas d’arrière-plan et par conséquent pas de premier plan, où sommes-nous alors ? Nous nous orientions au gré des arrière-plans sur lesquels nous nous tenons. Il y a un mot pour désigner un état qui ne distingue pas l’arrière-plan du premier plan : la folie.

[…] La conscience du maillage ne révèle pas le meilleur des gens. Il y a une joie terrifiante à prendre conscience de ce que H.P. Lovecraft appelle le fait de « n’être plus un être déterminé distinct des autres ». Il est important de ne pas paniquer et, chose étrange à dire, de ne pas surréagir à la déchirure du réel […] La schizophrénie est une défense, une tentative désespérée de restaurer un sentiment de cohérence et de solidité.

Les thèses du complot (avec leur virus-artefact), tout comme les thèses du châtiment (où le virus devient un message ou une punition envoyés par « La Nature ») sont toutes les deux des « surréactions » liées à la peur panique saisissant les esprits dualistes face à ce qui nous arrive : des tentatives désespérées de rétablir une orthodoxie ontologique dont nous devrions précisément nous débarrasser pour oser plonger dans la trame infinie des relations.

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