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Streaming musical des bibliothèques en Alsace

30 juin 2011 à 08:07

Notes de musique lumineuses sur fond noir
Music Note Bokeh (photo sous licence CC. By-nc-pa All that improbable Blue http://www.flickr.com/photos/allthatimprobableblue/)

Voici un an que UMMA (Univers Musical des Médiathèques Alsaciennes), l’expérimentation du streaming musical en bibliothèques commençait en Alsace. Voir ici et ici les billets précédents pour suivre le déroulement. Les deux BDP du Bas-Rhin et Haut-Rhin ouvraient en mai 2010 leur sous-domaine musicMe. Nous menons pendant ce mois de juin une enquête qualitative auprès de 650 inscrits au service sur les deux plateformes. Cela fera l’objet d’un prochain billet dès que celle-ci sera dépouillée.

La BM de Mulhouse a ouvert en mars 2011 son sous-domaine et dépassait début mai les 140 inscrits. Les Médiathèques de la Communauté Urbaine de Strasbourg devraient ouvrir leur site de streaming d’ici septembre au plus tard.

Comme je l’annonçais dans un précédent article l’expérience est très positive non seulement en terme de nombre d’inscrits mais de l’utilisation des sous-domaines par les usagers. Sur 45 000 écoutes de mai à décembre 2010; le nombre d’écoutes intégrales de morceaux est à peine supérieur au nombre d’écoute des radios programmés par les bibliothécaires musicaux. Ce qui prouve que quand on s’investit dans la médiation documentaire numérique l’internaute répond présent. En effet l’écoute de radios est d’autant plus forte qu’on les renouvelle très régulièrement comme sur mediason67 avec une radio commune et une radio par bibliothèques chaque mois.

Selon les analyses de musicMe, les inscrits dans sous-domaine de bibliothèques restent plus longtemps à écouter de la musique que sur leur propre site tout public.

Nous avons pu constater des usages complémentaires de ceux prévus lors d’une réunion du comité de suivi: de la diffusion de radios ou d’albums dans les locaux de la bibliothèque à l’utilisation en formation en passant par la médiation informelle entre un bibliothécaire et un usager à la banque de prêt. En outre la programmation de radio permet et oblige à approfondir ses connaissances musicales quand on souhaite programmer 80 titres sur un thème mais que tout ce que l’on connaît n’est pas forcément disponible sur musicMe.

La volonté a émergé aussi de rassembler en un endroit l’ensemble des radios réalisées sur trois sous-domaines, et bientôt quatre. Une page Facebook, MusiK’heim, sera créée à cet effet. Venez découvrir et nous écouter sans limite…

Nous allons d’ailleurs ajouter une nouvelle brique expérimentale à l’automne 2011 en proposant aux usagers inscrits de créer leur propre radio. Il s’agira de créer des radios festives qui seront mises en ligne en décembre… A suivre.

Enfin pour mettre en valeur les groupes locaux, nous avons décidé d’organiser un festival UMMA à l’automne 2012 avec l’idée d’augmenter d’ici là la présence de ces groupes sur nos plateformes afin de créer des Unes et de programmer des radios à cette occasion.

Cette première année de fonctionnement et le dialogue permanent avec musicMe sur différentes hypothèses a permis de dégager un nouveau modèle économique qui n’est plus celui du paiement pour chaque écoute mais un modèle forfaitaire, c’est à dire tout frais compris (abonnement, radios, écoute illimitée, webservice pour intégrer un player dans un catalogue ou un portail compatible), basé sur le nombre d’inscrits à la plateforme. Cette approche est en adéquation avec les exigences des collectivités locales puisqu’elle permet de prévoir et de tenir un budget tout en tenant compte de la réalité des pratiques numériques constatées.

Dans cette perspective, l’ensemble des partenaires du projet UMMA sont décidés à continuer avec musicMe en 2012, sous réserve des incontournables procédures d’appel d’offre, après la fin de la phase d’expérimentation.

Je dirais pour conclure que dans le développement des ressources numériques les bibliothèques ont tout intérêt à avoir une approche pragmatique plutôt que de vouloir à priori imposer leur modèle d’acquisitions. Je me souviens très bien des réticences et des critiques reçues dans ce domaine lors du lancement et de la période de conviction des bibliothécaires. Je force le trait de ce que j’ai entendu ou de ce qu’on m’a écrit « le paiement à chaque écoute est de la folie, si le service marche vous allez exploser le budget. C’est un saut dans le vide… ». Le jour où la fréquentation d’une ressource numérique en bibliothèque fera exploser la fréquentation et donc ici le budget nous pourrons crier victoire… L’attribution de la subvention par le Ministère de la Culture a rassuré l’ensemble des partenaires en région et nous a permis de continuer l’expérience à une bonne échelle. De fait, l’intérêt et la fréquentation sont en rendez-vous avec une montée en puissance progressive. Cela a donné du temps pour nous et pour notre fournisseur d’affiner le modèle économique.

 

Manifeste: la musique a toute sa place en bibliothèque

21 juin 2011 à 08:00

L’ACIM (Association pour la Coopération des professionnels de l’Information Musicale) publie un texte rappelant les enjeux de la musique en bibliothèque. Celui-ci est reproduit sur différents blogs du groupe Bibliothèques Hybrides de l’ABF:

Musique et mémoire (avec l'aimable autorisation de l'auteur du collage http://isartpostal.aminus3.com/image/2009-12-07.html)

Le défunt Conseil Supérieur des Bibliothèques avait constaté dans ses différents rapports que la place de la musique était encore insuffisante dans les bibliothèques. Alors même que cette situation perdure globalement, la musique en bibliothèque est aujourd’hui fragilisée par la baisse des prêts, le développement de l’écoute et du téléchargement en ligne. C’est ainsi que plusieurs nouvelles médiathèques ont ouvert récemment sans présenter la totalité de la documentation musicale (livres, partitions, dvd et disques compacts) voire sans musique.

Ce choix nous semble une grave erreur car l’offre musicale en bibliothèque ne saurait se résumer à une borne de téléchargement ou à une ressource en ligne. Si la place du support CD pourrait être amenée à se réduire à moyen terme, sa présence reste pour l’instant la meilleure manière de matérialiser dans nos locaux une offre musicale hybride, c’est à dire mélangeant collections physiques et collections dématérialisées.

Renoncer à la musique en bibliothèque reviendrait à l’abandonner aux acteurs du secteur marchand qui n’ont pas le souci de la diversité et de la pérennité des œuvres musicales. Tout n’est pas sur le net et tout n’y est pas visible. Malgré son apparente abondance (plus de 7 à 8 millions de titres annoncés sur des plateformes de streaming), l’offre de musique en ligne reste lacunaire dès lors que l’on sort des musiques de consommation courante.

La musique représente une pratique culturelle majeure dans nos sociétés au même titre que la littérature ou le cinéma. Or les pratiques culturelles ne sont pas étanches. Renoncer à la musique en bibliothèque risquerait aussi, en supprimant des passerelles entre elles, de remettre en cause, pour un public éclectique, l’intérêt pour les collections de littérature et de cinéma.

Rappelons à ce propos l’article 7 de la Charte des bibliothèques qui stipule que : « Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. »

Enfin il nous semble important que les médiathèques continuent de jouer un rôle prépondérant dans le développement de la culture musicale à l’aide d’une offre documentaire large mais aussi de concerts et d’animations sous quelque forme que ce soit (conférences, ateliers de créations musicales, etc.). Dans certains territoires, la médiathèque est le seul point d’accès non marchand à la musique.

En accompagnant ces nouvelles pratiques, les bibliothèques ont un rôle important à jouer dans le domaine de l’éducation et la culture musicale du public, notamment pour les nouvelles générations.

A diffuser et débattre largement.

Les mutations vécues par la musique tant dans sa production que dans sa diffusion via internet concernant maintenant l’ensemble des secteurs documentaires en bibliothèque. Plutôt que de céder à la tentation de faire disparaître la musique en bibliothèque, réfléchissons ensemble pour inventer la médiathèque de demain.

Quelques échos hors de la sphère des bibliothèques sur le site PC Inpact (Merci à Nil Sanyas):

Vers la fin de la musique dans les bibliothèques ?

« la place du CD est remise en cause » en médiathèque

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